WINTZENHEIM . LOGELBACH

Auguste Haussmann - Voyage en Orient - 1868


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1868 - VOYAGE EN ORIENT 

de Jean Michel Auguste HAUSSMANN (né au Logelbach en 1815)

12 novembre : Départ de Paris à 7 h ¼ du soir. Arrivée à Marseille le 13 à 11 hres du matin par un temps froid mais beau.

14 novembre : Je m’embarque le 14 à 4 heures sur le Godaway, Capitaine de Gérard, pour Constantinople, après avoir payé 449 pour ma place de Paris à Constantinople. Une fuite de vapeur à l’une des chaudières oblige à remettre le départ au lendemain, 15 à 8 heures du matin – Regrets pendant la nuit.

15 novembre : Disposition au mal de mer vers le soir. Le dîner me remet. On a eu très froid depuis deux jours.

16 novembre : Passé le détroit de Bonifaccio pendant la nuit. Vu la côte de l’île de Sardaigne le matin.

17 novembre : Traversé l’archipel des îles Lipari. Vu la fumée du Stromboli à bâbord et celle de Volcano à tribord. Le cratère toujours fumant du Stromboli se trouve sur le flanc de la montagne. La nuit on voit, dit-on, quelquefois des flammes. Le courrier de cabinet anglais...

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... nous montre l’Etna dans le lointain sous un grand nuage. On dit qu’il fume aussi toujours. Ces îles, peu habitées, me rappellent les Açores.

Arrivée à Messine à 3 heures. L’hôtel de ville monumental donne sur le port. Sur les murs du fort du port d’où l’on bombarda la ville en 1848, on voit les marques des boulets des insurgés. Une obélisque encore existante fut élevée à cette occasion par ordre de l’ex-roi dans le haut de la ville.

M. Blanchard de Farges, consul à Tiflis, et moi, faisons visite au consul de France, M. Dutour. Il nous mène en voiture à la cathédrale dont l’intérieur, maniéré, est de diverses couleurs, comme la cathédrale de Florence. Deux tourelles blanches modernes s’élèvent derrière la nef. La base remonte au 10ème siècle et de style byzantin. Il y a à l’intérieur, de grandes colonnes en porphyre noir, tirées d’un temple païen. La ville, un peu triste, a 100.000 habitants. C’est le port le plus important d’Italie après Gênes, d’après M. Dufour. Les gros cactus poussent en pleine terre.

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Les lignes se coupent à angle droit et sont tirées au cordeau. La température est douce. Nous montons en voiture au couvent des Capucins d’où nous embrassons le panorama de la ville, du port et détroit. On aperçoit Reggio sur la côte de Calabre.
Près du Phare de Messine se trouvaient les aspérités de Charybde et Scylla.
Reparti vers 6 heures ½.

18 novembre : Grosse mer. Disposition au mal de mer.

19 novembre : Ce matin, à 7 heures, nous sommes entre le Cap St Ange et l’île de Cerigo, ancienne Cythère, où Vénus avait fort mal choisit son séjour. On ne voit que des rochers arides.
Sur le flanc du Cap St Ange s’élève un ermitage dont un ermite, vivant d’aumônes de navires, nous salua avec un mouchoir ou un pavillon. La poésie existe donc encore vivante quelque part !
A midi nous passons près de l’île de Belo Poulo. Poulo signifie fils. La mer est belle. A 2 heures, nous avons l’île d’Hydra à bâbord. Cette île (2.500 habitants) fut...

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... célèbre dans la Guerre d’Indépendance pour le dévouement et la libéralité de ses habitants et de ses marins.
La presqu’île de Poros, que nous voyons ensuite à bâbord, est aussi importante par sa marine. A l’avant à bâbord nous apercevons l’île d’Egine.
Notre vieux pilote Canaris est cousin du célèbre Canaris encore vivant et lui ressemble, dit-on, beaucoup.
A trois heures, nous voyons à tribord le Mont Hymète célèbre pour son miel, puis le Mont Pentholique, pour ses marbres, dans les nuages.
Vers 4 heures nous découvrons très bien l’Acropole et le Parthénon à tribord.
On voit les deux façades qui ne sont plus unies entre’elles et que retiennent quelques colonnes que nous n’apercevons pas. A gauche est une tour vénitienne et plus à gauche, sur une colline, le tombeau du Consul Romain Philipoppus. A droite sur une colline plus élevée, l’église St Georges, et dans le bas,...

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... à droite, le palais blanc du Roi et la ville. Une bordure de cyprès se dresse en noir sur la pente. Le soleil couchant fait ressortir les nobles ruines. Dans le fond, on aperçoit le Pentholique qui est à 8 heures de marche d’Athènes.
A bâbord nous découvrons bientôt le temple de Minerve d’Egine sur une colline. Il a 22 colonnes encore debout. Sa façade horizontale se devine bien.
Nous arrivons au Pirée à 5 heures. Après avoir passé à l’endroit où se trouvent les restes du tombeau de Themistocle, que baignent les flots au pied du phare. Nous avons vu l’entrée de la baie de Salamine où s’élève un autre phare.
Nous repartons à 8 heures après avoir débarqué M. et Mme Péraldi et Mme Pélissier avec son neveu.

28 novembre : A 1 heure nous passons devant Tenedos défendu par un fort qui me rappelle ceux de Bocca Tigris.

Est in conspectu Tenedos sedes malefida Corinis. Troie s’élevait en face. On n’en voit plus que des ruines. Tenedos est renommée pour ses vins. Près du Cap Sigée, se trouvent ...

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... des tumulus qu’on dit être les sépultures d’Achille et de Patrocle.
A 3 heures nous entrons dans les Dardanelles par un vilain temps de pluie. A la ville des Dardanelles, nous mouillons pendant ½ heure vers 5 heures.

Constantinople

21 novembre : Nous arrivons à Constantinople à 8 heures ½. La pluie et la brume nous privent d’une vue splendide. Cependant nous voyons bien les 7 tours au coin des remparts sur le Bosphore, Ste Sophie, les autres mosquées, la pointe du vieux sérail brûlé et le nouveau Palais blanc du Sultan sur le Bosphore.
Nous entrons dans la Corne d’Or et mouillons en face de la Douane.
Je m’empresse de me rendre à terre. Après une courte visite de la Douane avec accompagnant de bakchiche, je monte péniblement à l’hôtel de Byzance sur le Pira avec le guide de l’hôtel. L’après-midi, je fais une course au Lloyd. L’encombrement et la saleté des rues me déplaisent fort. Le temps reste affreux.

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Nous prenons le Pont neuf de la Validé Sultane à pied et prenons 2 chevaux, mon guide et moi.
Nous nous dirigeons vers la Sublime Porte (près de l’Ancien Sérail). Il y a, en effet, 2 portes au sommet assez prétentieux et orné qui mènent de part et d’autre, à la cour du Ministère des Affaires Etrangères qui n’a rien de remarquable. Par la même porte, nous arrivons à une cour où se trouve le fameux et énorme vieux Platane des Janissaires. A gauche se trouve le mur où l‘on plantait jadis les têtes.
Nous arrivons bientôt à Ste Sophie. L’intérieur est magnifique. On y voit 16 grandes colonnes grises du Temple du Soleil (de Balbec) et 8 colonnes de porphyre rouge du temple de Diane d’Ephèse (venues jadis de Rome). C’est Justinien qui a refait le temple.
Les chapiteaux des colonnes sont admirables par la finesse de leurs sculptures.
Au-dessus sont des arabesques (et, je crois, des mosaïques). Il y a, à l’entrée, deux énormes vases ronds à ablutions, de grandeurs différentes.

En marge : Il est avec Mohamet des accommodements. Au lieu de se déchausser entièrement, on ôte simplement ses babouches vernies

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Puis la pierre qui sue et où les femmes fourrent le doigt dans un trou contre certaines maladies. Cette pierre foncée, qui en supporte une autre, est, dit mon guide, celle de la fontaine de la Samaritaine. D’autres prétendent que c’est la crèche de Jésus Christ.
Au fond de l’Eglise, on voit contre un pilier, l’empreinte de la main de Mahomet II, dit-on, entourée de rouge, qu’on dit être le sang dans lequel il l’avait trempée en entrant dans l’Eglise sur un monceau de cadavres, lors de la Conquête.
Il y a 2 étages de colonnes.

En marge : Mon guide a donné 7.50 au gardien pour l’entrée très débattue. Cela remplace le firman.*

On voit peintes en fresques ou en bas-reliefs de grandes ailes d’anges dont les figures ont été recouvertes d’or. Les croix peintes sur les murs ont aussi été recouvertes. Il y a 2 drapeaux verts près la chaire, signe de la conquête
La nef est grandiose. Tout est immense. Le pavé est recouvert de tapis pour l’hiver, en été de paillasses. Il y a des fidèles à genoux.

En marge : Les tapis sont orientés vers La Mecque.

* Firman = laissez-passer délivré en Orient aux négociants étrangers

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Il y a 4 minarets. Dans la cour de la mosquée, (mosquée d’Achmet – note en marge de l’auteur) nous voyons la fontaine aux ablutions près de laquelle un marchand me vend quelques chapelets en grains de l’Yémen* et d’aloès.
Le muezzin est monté sur le balcon d’un des 4 grands minarets pour appeler les fidèles à la prière.
De Ste Sophie nous allons à la mosquée d’Achmet qui a 6 minarets, et dont l’extérieur est, dit-on, semblable à celle de la Mecque.
L’intérieur est très grand, la nef plus haute encore que celle de Ste Sophie. On y voit quatre énormes piliers d‘environ 8 mètres de diamètre en marbre rapporté. Petites colonnes en marbre et granit.
Verres à illumination pour le ramadan ingénieusement fixés à des pièces ou tringles de fer.
La cour carrée pavée de marbre est très belle. Ses galeries où colonnades ont des colonnes de marbre et granit alternant.
La fontaine des ablutions cachée est au milieu. De cette mosquée nous allons voir tout...

* Grains de l'Yémen = grain de café du Yémen

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… près de là :
1. la colonne bâtie de Constantin, en pierres ruinées sur un socle chargé d’inscriptions.
2. une espèce de serpenteau en métal tiré du temple de Delphes.
3. une obélisque.
Le tout aligné dans l’espace vide de l’ancien hippodrome.

Nous visitons ensuite la citerne des mille et une colonnes (dont il ne reste plus que 200) en descendant un escalier humide. On dit qu’elle était destinée à fournir de l’eau en cas de siège. Une partie est éboulée.

Nous voyons le musée de cires des Janissaires où d’anciens costumes de janissaires, de soldats, de vizirs, de juges, de prêtres, de drogmans sont représentés. 3 ou 4 gouverneurs de province ont des casques prodigieux, des vestes d’habits pour plumets. On voit des turbans de toutes les formes, des sabres, l’épée à grand manche à 2 mains de Tamerlan. Des figures représentant les malheureux muets favoris des anciens sultans, à coiffures figurant des oreilles d’ânes et à...

Annotation en bas de page : Vu la cage dans laquelle Tamerlan fit mettre Bayazid (Bajazet en français) qui mourut son prisonnier (vers 1400) avant la conquête de Constantinople par les Turcs.

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... faces efféminées. C’étaient sans doute des eunuques à qui on avait aussi coupé la langue. On voit des artilleurs coiffés d’espèce de tuyaux de poêles.
Nous visitons la mosquée de Bayazid dont la cour est une espèce de boyau où perchent des centaines de pigeons sacrés provenant d’une paire de pigeons du temps de Bayazid.

Nous passons devant et à travers le Seraskierat (Ministère de la guerre) où je vois quelques piètres soldats.
Nous arrivons à la mosquée de Soliman le Magnifique, dont la coupole est plus haute que Ste Sophie, mais moins large. J’y vois que des vitraux colorés, dons du Shah de Perse, et des fenêtres à cannelures rondes. Chapiteaux marbre et granit. Colonne granit, verres à illumination. L’intérieur ressemble à celui de la mosquée d’Achmed.
La cour carrée en marbre a aussi une fontaine aux ablutions dans son milieu et un péristyle de colonnes.

Près de la mosquée se trouve le tombeau...

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... de Soliman dans un pavillon et celui de Roxelane dans un autre plus petit.
Le tombeau du sultan s’élève au milieu de plusieurs autres plus bas. Il y a d’énormes cippes* et des caractères sur les tombeaux.

Il y a, près des mosquées, des cimetières où sont enterrés aussi des particuliers. Nous descendons vers le pont de Validé Sultane par un vent affreux et nous rencontrons à chaque instant dans les rues des groupes d’ânes chargés de longues pièces de bois que nous avons peine à éviter. Les rues sont horriblement mal pavées, sales et boueuses.
Constantinople est splendide de loin et horrible de près.

Une foule bariolée, lourde, stupide, se heurte partout. On aperçoit des derviches tourneurs, des derviches hurleurs, des Arméniens, des Européens, le tout pêle-mêle et se bousculant.

Nous revenons par le Petit Champ des Morts...

En marge : Vu l'aqueduc de Valens et la colonne brûlée de Constantin près de la mosquée Soliman.

En marge : Visite le soir de M. Barré de Lancy, l'aimable archiviste de l'ambassade.

* Cippe = Grandes stèles très étroites qui portent des inscriptions - versets du Coran

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... ou cimetière planté de cyprès, arbre très commun ici.

23 novembre : Je profite d’une mer un peu plus calme pour faire ma promenade sur le Bosphore en bateau à vapeur. Le premier édifice important de la côte d’Europe près duquel nous passons est le nouveau sérail de Dolma-Batche, bâti il y a 15 ans et où demeure le sultan. Il est en pierre blanche et d’une très élégante architecture.

Description du dessin fait par l’auteur, de gauche à droite : habitation du sultan, palais des réceptions, harem des femmes du sultan, habitation de la sultane mère. Devant le sérail, se trouvent les quais.

Nous avons passé en vue du grand Champ des Morts situé sur une colline, à l’extrémité de Péra.
La 2ème station (côte d’Europe) est Ortakeuil habité par des Juifs arméniens.
En face sur la côte d’Asie, est le village de Kouskoungou, puis vient la station de Bey-ler-Bey (Prince des Princes) où se trouve le Palais d’Eté du Sultan.
Le sérail de la Pointe du Sérail, presque entièrement brûlé aujourd’hui, a été habité...

En marge : La population de Constantinople est d’un million d’après Burnouf (Revue du 15 mai) dont 1 dizième surtout de Grecs. Il conclut alors que la Grèce ne peut pas espérer à avoir Constantinople pour capitale.

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....par Mohamet le Conquérant et une 12ne ses successeurs, au dire de mon guide grec Constantin. Mais depuis longtemps les sultans demeuraient sur le Bosphore. Le sérail brûlé renfermait un millier de femmes de sultans défunts. Mais le sultan n’y demeurait pas. Il habitait un sérail, aussi brûlé, de Mahmoud, qu’on reconstruit près de celui de Dolma-Bahce et où l’Empereur s’installera bientôt. Il est pourvu d’une orangerie.

Nous avons passé devant deux jolis palais de Sultanes Validés ou mères qu’on ferait mieux d’appeler Sultanes Invalides, ce sont les veuves du précédent sultan ; puis devant des Palais de sœurs du Sultan. Pourquoi ce prince, au lieu de construire tant de palais et de mosquées inutiles, ne consacre-t-il pas l’argent que cela coûte à améliorer les rues et à embellir la ville ?...

De Ber-ler-Bey, nous retournons à la côte d’Europe, station d’Osmant-Keuil (village des Albanais).

Les maisons turques en bois imitent la ...

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... pierre par leurs nuances jaunes et grises. Leurs toits sont en tuiles.

C’est près Osmant-Kenil qu’est le point le plus étroit du Bosphore qui forme là un coude avec courant rapide.

Les gens du peuple et les Arméniens portent des surtouts en drap jaune ou plutôt café au lait nommés cibas et fabriqués en Bulgarie. Ce vêtement a souvent une bordure en fourrure noire ou grise.

Nous passons devant le Palais (Messerli Harkanrem) où demeurent les femmes du feu vice-roi d’Egypte, puis devant le Palais du Grand Vizir, premier ministre gardien du Sceau de l’Empire.

Tous les riches employés demeurent sur les bords européens du Bosphore dans de jolies maisons en bois, souvent à colonnes en marbre.

Dessin de sépulture de femme et de sépulture d'homme.

Les sépultures d’hommes figurent une calotte au sommet. On en rencontre souvent le long du Bosphore.

La partie des maisons turques consacrée aux ...

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....femmes a des fenêtres à jalousies avec treillis assez mince, embrassant les 2/3 ou les 3/4 de la longueur à partir de la base. Voir dessins.

En marge : Les Turcs boivent beaucoup d’une liqueur appelée mastique et que l’on tire, dit-on, de l'arbuste appelé lentisque.

Nous longeons le palais en bois assez simple du vice-roi d’Egypte qui vient chaque année passer 2 ou 3 mois sur le Bosphore pour sa santé.
La loi musulmane permet 4 femmes légitimes et 20, 30 favorites. Les riches ont de 5 à 6 femmes.

Voici le château de Rumeli-Hisari, avec murs à créneaux, brûlé par Mahomet 11 et faisant face à un autre château sur la rive d’Asie : leurs canons avaient pour but d’obliger les navires allant dans la Mer Noire à payer un tribut.

Tout le Bosphore est bordé de collines boisées qui restent vertes en hiver.

Nous passons à Balta-Liman devant le palais de feu Othem Pacha gendre du sultan, noyé en bateau par un vapeur. Sa femme s’est remariée.

Vient le golfe de Stenia où beaucoup de navires sont mouillés... Puis bientôt le ...

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... mouillage de Jénichés, sale village grec de la côte d’Europe.

Nous entrons dans la large baie de Beïkos où étaient mouillées les flottes alliées. Sur la côte d’Asie, à Hunkini....(?) c’est le kiosque du premier vice-roi d’Egypte offert au sultan, en face Thérapia ; il a eu pour hôte, il y a quelques mois, le prince Napoléon qui voyageait, dit-on, avec une cocote italienne.

Nous touchons à Térapia, côte d’Europe, où se trouvent les résidences d’été des ambassades de France et d’Angleterre, qui n’ont rien de remarquable.

En marge : Mon guide me montre le fameux platane à racines de Godefroy de Bouillon et la plaine où sont censés avoir campé les Croisés. Au loin s’élève le Mont du Géant et une tour génoïde. Puis la plaine des Eaux Douces d’Asie : c’est une rivière.

Nous débarquons à Bouiouk-Téré, où se trouve le Palais de Russie, avec de vastes dépendances et l’aigle à 2 têtes.

J’ai vu l’entrée de la Mer Noire. Au retour, nous repassons devant le village de Belek où est l’école des Lazaristes.

Nous sommes de retour après environ 5 heures de promenade. Nous avons aperçu beaucoup de goélands et de petits oiseaux du Bosphore (appelés âmes en peine*) semblables à des hirondelles, mais plus grands.

* Âme en peine = oiseau marin voisin des pétrels, qui se déplace en bandes.

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En marge : nous avons pris du café turc qui est aussi contaminé de chicorée.

Le port des bateaux, Pont de Mohamed ou Pont Neuf aboutit à une (rue) des plus commerçantes et des plus encombrées ; les chevaux, les ânes, les porte-faix, les arabas, petites voitures de forme antique s’y heurtant constamment. Dans ces voitures arrondies en bonbonnières à fenêtres ovales, on aperçoit des femmes voilées ou masquées : ces dernières sont syriennes : les Turques ne se cachent la figure que jusqu’aux yeux. Les grandes dames portent des voiles très transparents. Chez les femmes du commun le bandeau est un peu plus large que chez nous pour le mal de dents.

24 novembre : Allé en vapeur à Scuttari, côte d’Asie, où nous n’avons pas le temps de visiter l’immense et célèbre cimetière de 2 lieues de long, à cause du retour du bateau. Les rues sont un peu plus larges qu’à Istanboul. Je goûte d’un bon gâteau turc.

En revenant, je remarque que les femmes ont un compartiment à part. L’une d’elles tend sa main jaunie pour allumer un cigare. Les femmes turques ...

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... se jaunissent les mains avec une racine (de henné ?) quand elles doivent assister à un mariage (me dit mon guide).

Nous allons au couvent des Derviches tourneurs dans le cimetière duquel je vois la tombe du Comte de Bonneval qui, après avoir été pacha, avait fini par se faire derviche.

La cérémonie est en retard. Enfin, une quarantaine de derviches à colbacks de chasseurs à cheval, mais d’un gris jaunâtre, et vêtus de sales manteaux ou toges bruns et bleus, font leur entrée. Une voix fausse psalmodie un air.

Les moines se prosternent et appliquent leur face contre terre un nombre de fois illimité. Au lieu de croiser les doigts pour la première, ils joignent les mains ouvertes par le côté, comme pour demander l’aumône. De temps en temps, un chant faux et désagréable se fait entendre. Mon guide a disparu. Ne sachant pas que le tournoiement doit avoir lieu, je sors impatient ! Je rencontre mon drogman*...

En marge : schéma d’une embarcation turque dite caïq (ou caïque)

* Drogman = interprète au service des Européens chargés des relations avec le Moyen-Orient

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... Constantin et lui adresse une sévère réprimande.
Le pavillon circulaire des derviches est élégant, propre, élevé et à parquet ciré. Tout le monastère est tenu avec propreté.

Nous allons au Grand Bazar d'Istanboul qui est loin de répondre à la description emphatique et dithyrambique de Théophile Gautier. Ce sont de long passages mal pavés, glissants, sales, formant un entrecroisement inextricable, éclairés par des lucarnes. Les étalages n’ont rien du tout d’éblouissant.

En marge : Les voitures et les cavaliers parcourent le bazar. A côté des objets de luxe, on y vend des poissons !

Les étoffes en constituent la base. Il faut avoir un parti pris d’enthousiasme bien arrêté pour trouver cela beau. Combien ce petit Orient bâtard et européen me paraît inférieur au véritable et extrême Orient asiatique ! Ici point de type arrêté ! Rien que mélange de toutes parts, dans les costumes comme dans les physionomies humaines. Tout cela réclame un bon coup de balais. Il y a ici anarchisme ! Si le régime des Osmanlis* ...

* Les Turcs Osmanlis sont les sujets du sultan, parlant et pratiquant la religion musulmane, qui tiennent ce nom du fondateur de leur empire, Osman

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... est politiquement utile, il est humainement condamné et inadmissible sur un sol européen. La civilisation a ses droits comme la politique : un gouvernement qui bâtit des centaines de palais pour lui et ses femelles à côté de ces cloaques, de ces rues délabrées et impraticables, est un gouvernement indigne, qui doit tomber un jour ou l’autre !

En marge : Il y avait à la table d’hôte de l’hôtel de Byzance, un russe, le baron Wolkof, beau parleur, ancien secrétaire de l’ambassade russe, et en faisant plus le chargé d’affaires des fonds d’un général américain.

Constantinople est la ville des bousculades. On n’est jamais sûr de rentrer avec ses membres entiers à l’hôtel. Les mendiants y sont très nombreux. Il y de distance en distance des postes de police mais on ne s’aperçoit guère de l’action des agents de police.

Constantinople exerce sur moi l’action la plus répulsive. Ses montées seules me le feraient abhorrer. On dit que la boue est remplacée en été par la poussière.

Le mois de mai est considéré comme le meilleur moment pour visiter Constantinople.

Dans la belle saison, le monde élégant se promène au Grand Champ (cimetière) et aux Eaux Douces d’Europe, rivière située vers le fond de la Corne d’Or.

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La population de Constantinople est de 1.200.200 âmes, d’après mon guide.

Les femmes turques aiment les couleurs voyantes en été pour leurs vêtements – le rouge, le jaune, le bleu clair. Maintenant la plupart des femmes de la classe basse et moyenne qu’on voit dans les rues ont des vêtements blanchâtres.

25 novembre : Je quitte Constantinople cet après-midi à 5 heures sur le Niemen, des Messageries, pour Athènes, après avoir encore subi une visite de la douane dans la boue et aussi encore eu à donner 1F de bacchiche pour ce plaisir. Un M. Erlanger de Francfort et sa femme, et le secrétaire de l’ambassade d’Autriche à Petersbourg sont à bord.

28 novembre : Ce matin, au lever, nous sommes au mouillage des Dardanelles. Nous avons passé hier soir devant Gallipoli qui est à l’extrémité, près de la Mer de Marmara. La ville des Dardanelles ou Kanak est à peu près au tiers de la longueur du détroit à partir de son entrée du côté de la Grèce. Près de là se trouve aussi le village de Kanak et les châteaux ou forts d’Europe et d’Asie...

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... dont la partie rasante (à fleur d’eau) est moderne ; et le reste, très ancien.

Croquis de gauche : fort d’Europe - batteries ...
Détroit
Croquis de droite : château d’Asie, vieux château - batteries rasantes
Route d’Athènes

Ces forts avaient leurs feux. Ils sont à la partie la plus étroite du détroit.

*

Plus loin, à l’entrée des Dardanelles du coté de l’Europe, au Cap Hellespont qui est la pointe de la presqu'île de Gallipoli formant le côté nord du détroit, et au Cap Jenitcher (ancien Cap Sigée), il y a deux autres forts très pittoresques, mais beaucoup plus éloignés l’un de l’autre que les deux autres.

La baie de Bésika est près de Jenitche. Près de là, aussi, le ruisseau moderne du Scamandre à son embouchure.

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Près du Cap de Jenitcher, sur une colline à 2 ou 3 miles du rivage, s’élève le tumulus qu’on dit être la sépulture d’Achille, mais qui semble plutôt, par sa dimension, être l’œuvre de la nature.

Plus près de la rive sont deux autres éminences beaucoup plus petites qui ressemblent bien plus à des tumulus.

De l'autre côté du Cap est l'embouchure du Sinois, toujours presque en face de Tenedos, insula dives opum, Priamidum regna manebant. (une île riche en biens, est restée le royaume des anciens, Google traduction)

L’île de Ténédos renommée pour ses vins ainsi que la côte de la Troade reste longtemps un ..... Nous passons devant diverses autres îles.

Le soir le vent s’élève. A 9h 1/2, un violent orage éclate et un coup de tonnerre me réveille, sans que je reconnaisse la nature du bruit. Je cours m’informer. Le vapeur stoppe, puis réprend au bout de d’une heure, puis stoppe de nouveau pendant quelques heures.

Nous reprenons vers 6 heures du matin.

En marge : Quelques passagers grecs de bonne apparence tiennent des chapelets à la main en se promenant sur le pont. Je m’imagine d’abord que c’est pour dire leur pater. Mais on m’apprend, plus tard, que c’est pour fournir une occupation à leur intelligence assez paresseuse, en s’amusant à compter les grains.

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27 novembre : ...et n'arrivons au Pirée qu’à 1 heure avec environ 7 heures de retard. Nous avons passé devant beaucoup de petites îles pelées et non marquées sur les cartes.
Je mets environ 1 heure en voiture, par la pluie, du Pirée à Athènes où je descends à l’hôtel des Etrangers. Les routes sont détestables.

Athènes

28 novembre : Ce matin, par un beau temps, je monte en voiture avec mon guide Philosophos ; nous nous arrêtons d’abord devant la Tour d’Eole ou des Vents (octogone en marbre) orné de sculptures de divinités à son sommet et entouré d’un Bassin rempli de fragments. Cette tour porte un antique cadran solaire ou hydraulique. Elle contient une citerne. Un reste de petit mur à 2 arcades, reste d’un aqueduc, dit-on, y aboutit. D’après Joanne, elle ne daterait que de la domination romaine, d’un siècle avant J.C.

Passé devant la Porte de l’Agora dont on attribue la fondation à J. César et Auguste et la dédicace à Minerve Archégitis. Des antiquaires allemands ont prétendu que c’était l’entrée d’une Agora plus récente que l’ancienne, opinion réfutée par Raoul Rochette.

En marge : Première partie : Il y a je crois 7 saints en Grèce... formant ensemble 35 ... peut-être cinquante d'après le consul. Les seules manufactures de la Grèce sont quelques filatures de soie.

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Vu les restes de l’Académie romaine d’Adrien avec 6 colonnes sur le devant.

Visité le beau Temple de Thésée le mieux conservé d’Athènes. Il a 13 colonnes cannelées en marbre de face et dix de côté, en péristyle. A l’intérieur on voit une collection de statues et, entre autres :
- Un assez bel Apollon à l’entrée,
- Un bas-relief représentant Ariost..., ce soldat qui apporta en 2 heures la nouvelle de la victoire de Marathon où on va en 7 heures en voiture et qui mourut en la donnant,
- Une statue de Patrocle,
- Un Hippocrate et un Socrate (en bas-reliefs petits)
- Un buste de Neptune,
- Un sarcophage,
- Un vilain petit Dieu Pan à pieds de bouc,
- Un vilain Bacchus,
- Une amazone,
- Un petit Jupiter
- Un Démosthène

Le temple de Thésée, vu de près, n’était pas grand. Mais...

En marge: Athènes à 50.000 habitants d’après Bumont (Revue du 15 mai)
Il dit aussi que l’instruction littéraire s’est répandue, mais les usines et l’industrie nullement.
La génération de la guerre d’Indépendance a presque disparue. La suivante s’appelle aujourd’hui les Désespérés à la suite de l’échec de la Conférence de Paix. La 3
ème génération a encore ... à accomplir.

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...son isolement sur un tertre lui donne de loin un aspect des plus majestueux. Les Anciens entendaient parfaitement ces effets d’optique.

Nous montons de là vers l’Acropole, rocher qui s’élève à 154 mètres au-dessus du niveau de la mer, mesurant 900 pieds de long et 400 de large.

En marge : Il y a beaucoup d’aloès et de cactus sur la hauteur qui mène à l’Acropole.

Je n’ai vu en sortant (et du petit temple de la Victoire sans aile) qu’un fragment des murs Pélasgiques* primitifs.

Nous entrons par la porte turque, en passant devant le cirque d’Hérode Atticus et nous arrivons à l’escalier des Propylées**. Les petits escaliers de côté sont modernes mais il en existait dit Joanne, d’anciens, semblables.

Au milieu se trouvent des pièces en marbre légèrement en degrés, sorte de chemins creux, pour les voitures, dit mon guide, et qui, d'après lui, formaient l’ancienne entrée des Propylées. Ils aboutissent dans le bas à une petite porte fermée des fortifications découvertes par M. Beulé.

M. Beulé a découvert un petit chemin antique d’un mètre seulement de large. Au sommet de l’escalier on arrive à ...

En marge : Ce chemin ancien servait aux victimes, d’après Joanne et M. Beulé. Sa pente eût été trop rapide pour des voitures.

* Pélasges est le nom donné par les Grecs anciens aux premiers habitants de la Grèce, avant l'arrivée des Achéens, des Éoliens et des Ioniens.

** Les Propylées sont un monument constituant l'entrée principale de l'Acropole d'Athènes.

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... 5 ou 6 colonnes cannelées en marbre. A droite on aperçoit le très petit temple de la Victoire sans ailes, ainsi que sa voisine, la Tour Vénitienne*. A gauche, est un grand socle qui supportait la statue en bronze d’Agrippa, puis la salle ou Pinacothèque dont je ne me rends pas compte exactement. Le chemin creux ancien conduit aux colonnes intérieures.

Sur la gauche de l’Acropole, on voit à l’intérieur les murs de Périclès. De l’autre côté, nous verrons tout à l’heure ceux de Cimon, aussi visibles à l’extérieur de l’Acropole.

Les Propylées n’étaient qu’une entrée, mais formaient à eux seuls un monument décoratif très estimé des anciens. Ils sont encore bordés de chaque côté par 3 colonnes ioniques en ruine. En 1656, une explosion des poudres accumulées là par les Turcs, causée par la foudre, endommagea les Propylées qu’on acheva de gâter ensuite. Des 6 grandes colonnes doriques de la façade 2 seulement ont conservé leurs chapiteaux.

Outre les 6 colonnes de l’extérieur, j’ai vu quelques colonnes cannelées internes aux Propylées.

* Tour vénitienne ou tour Franque, détruite en 1876 avec accord des Grecs par le Dr Schliemann (celui qui a découvert les ruines de la ville de Troie).

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Là devait être le vestibule. Sur la droite des Propylées est un motif de maçonnerie moderne dans lequel, les Turcs, je crois, ont pratiqué un escalier tournant par lequel on peut monter au haut des murs.

L’espace qui entoure le Parthénon est jonché de débris.

Esquisse du Parthénon.

9 belles colonnes cannelées en plusieurs morceaux et d’une assez grande hauteur, forment la façade du Parthénon. Il y a un péristyle ou double rangée de colonnes. Le fronton ou la façade de l’autre travée supporté par la seconde rangée de colonnes est garni de bas-reliefs : ce sont des ....

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... hommes à cheval : mon guide m'a dit que cela représente la bataille de Marathon. D’après Joanne je dirais (?) que ce sont ces jeunes Athéniens se préparant à la course, ou bien des combats des Athéniens et des Lépites (?). Il y a aussi quelques bas-reliefs à la façade opposée, mais moins nette : serait-ce Cécrops et sa fille Aglaure mentionnés dans Joanne ?

Le Parthénon se divisait en deux parties : la plus grande à l’Orient, était le temple de Minerve dont la statue s’y trouvait, l’autre était l’opisthodome où était le trésor public. Le péristyle était de 8 colonnes de front et 17 sur les côtés. Une explosion en 1687 causée par les bombes des Vénitiens et le vandalisme de lord Elgin ont privé le fronton oriental de ses plus beaux ornements. Le musée Britannique en possède des dépouilles admirables.

L’explosion amena une solution de continuité de l’édifice dont les deux façades sont seules entières.

La porte d’entrée se devine bien.

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Il ne reste plus du côté droit que 8 colonnes entières sur les 17 d’autrefois et 11 sur l’autre.

En marge : D’un côté restent 8 colonnes soutenant le fronton et de l’autre 11 colonnes et 2 tronçons de colonnes.

L’intérieur du temple est dallé en marbre.

J’aperçois à l’intérieur les restes d’un fauteuil (de Minerve, dit le guide). Il y a une quantité de fûts de colonnes. Les colonnes sont en morceaux ou tambours d’un mètre environ de longueur et joints à l’intérieur par des crampons en fer.

Nous allons à une petite plate-forme...

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... à l’extrémité de l’Acropole, faite par le roi Ethon et d’où l’on voit tout Athènes en amphithéâtre, le Mont Parnasse, la colline voisine du Lycabète couronnée d’une chapelle et, à l’arrière-plan, le mont Penthélénique.

Esquisse des lieux : Parnasse, Pentélique, Lycabète et Hymette.

On aperçoit aussi le lourd Palais du Roi, sorte de caserne, près de là un jardin, puis l’Ecole Française.

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Nous allons visiter maintenant l’Erechtéion* près du mur de Périclès. Cet édifice multiple comprenait le temple de Minerve Polyade et celui de Pandrose, fille de Cécrops. A l’une des faces on voit de jolies petites colonnes cannelées, portique ionique ; à l’entrée de belles cariatides soutenant le fronton. L’Erechtéion est en marbre pentélique. C’était le sanctuaire le plus vénéré d’Athènes. On dit que Cécrops y fut enterré. L’Olivier sacré, brûlé jusqu’au pied par les Perses, y repoussa d’une coudée après la victoire des Athéniens.

De l’autre côté de l’Erechtéion, vers les Propylées, on remarque encore 6 colonnes sous un portail et 1 porte d’entrée.

Près de la Pinacothèque, est une collection de têtes sculptées, de pieds, le tout fort endommagé.

Je monte au petit temple de la Victoire. En sortant du Parthénon, je passe devant l’Odéon d’Hérode Atticus qui renfermait [pouvait accueillir] 6.000 personnes...

* L’Érechthéion est un ancien temple grec d’ordre ionique situé sur l'acropole d'Athènes, au nord du Parthénon.

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Mon guide me montre en sortant l’amas de rochers sur lequel se trouvait l’Aréopage. On ne voit plus qu’un escalier.

Plus loin, sur une autre colline rocheuse, était le Pnyx, la tribune publique où parlait Démétrius. On ne remarque aussi que quelques escaliers.

A gauche, dans un autre amas de rochers, sont trois portes. C’était la prison de Socrate.

C’est près de la colline que couronne.la sépulture de Philopappos.

Nous visitons les restes du théâtre grec de Bacchus qui contenait 30.000 personnes. On voit encore des restes des gradins circulaires. Je m’assois dans un fauteuil de prêtre (dit mon guide) creusé dans le rocher, comme plusieurs autres qui se font suite.

Au milieu est un petit espace vide où je vois des statuettes de Bacchus ivre, riant et accroupi - un satyre. Devant était la scène.

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Au-dessus de ce théâtre on voit le mur de Cémen qui surplombe. Passé devant un petit monument circulaire qu’on appelle Monument de Lysicrate et la Lanterne de Démosthène.

Nous arrivons au portique d’Adrien près du Temple de Jupiter Olympien. Adrien termina le temple de Jupiter Olympien annoncé en 530 par Pisitrate.

Ses dimensions étaient colossales : 108 mètres de long sur 52 de large. Il ne reste plus que 16 colonnes dont 13 à l’angle S.E. placées sur 2 rangs à l’autre extrémité. 2 debout et 1 renversé.

Esquisse de colonnes : Les morceaux de la colonne renversée par un tremblement de terre en 1852...

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... portent encore 2 petits crampons. Les morceaux avaient environ 1 mètre de large.

29 novembre : Course à Eleusis

En marge : Parnisse que je vois en tout point de Parnasse. En vain Apollon et les muses chercheraient aujourd’hui quelque ombrage sur le sommet pelé du Parnasse. De quels garrots (?) et de quels ........ d’auteur être doué me disais-je chemin faisant pour grimper à la poursuite de l’art des vers le long des flancs abrupts et arides de cette classique mais rocheuse montagne.

Nous partons en voiture ouverte et par un très beau temps (comme une de nos belles journées de septembre de France) à 9 heures pour Eleusis. Nous passons devant le jardin botanique et traversons un bois de vieux et très gros oliviers. Nous passons sur des ponts du [fleuve] Céphise à sec. Nous longeons le Mont Icare, couvert de jolis pins, qui est à notre droite, et le [mont] Corydalle, à notre gauche, après avoir dépassé la colline que couronne la chapelle de St Georges. A 1 heure ½ de la ville, mon guide me montre l’ancienne et étroite voie sacrée de la Théorie ou procession qui allait, une fois l’an, d’Athènes à Eleusis pour célébrer les mystères {d'Eleusis]. Il m’a montré aussi dans le lointain le mont Parnès* (avec quelque verdure), le mont Pentélique, puis plus loin le [mont] Cythéron. Nous suivons la route de Thèbes garnie de fils électriques. Nous arrivons au joli monastère byzantin ...

* Haussmann écrit en marge : Je me suis trompé, le Parnès n'est pas le Parnasse. Ce dernier est près de Delphes en ???

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Manuscrit retranscrit par Marie-Claude Isner

A suivre...


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