WINTZENHEIM . LOGELBACH

Tomi Ungerer : Une jeunesse sous la botte nazie


Tomi Ungerer avait 3 ans à la mort de son père

Tomi n’est pas son vrai prénom. L’affectueux surnom de son Alsace natale a remplacé le plus sérieux Jean-Thomas. Né le 28 novembre 1931 à Strasbourg, il est issu, du côté paternel, d’une célèbre famille d’horlogers. Dernier de sa fratrie, il perd son père Théodore le 5 septembre 1935. Il a bientôt 4 ans. Très marqué par ce décès, Tomi le sera également très fortement par la période d’occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale quelques années plus tard. Ce père trop tôt disparu, né dans la capitale de l’Europe en 1894, s’était uni en 1920 à Alice Louise Essler, née en 1896 à Wintzenheim, commune limitrophe de Colmar. Elle décédera en 1989 à Strasbourg. Le grand-père maternel de Tomi Ungerer, Francis Essler, est le directeur de l’usine de tissage Haussmann dans le quartier du Logelbach à Wintzenheim. Une usine qui passera dans le giron de la société DMC et qui fermera ses portes à la fin des années 2000.

Source : Frédéric Plancard, L'Est Républicain du 22 février 2015



Tomi Ungerer : L'enfant de Logelbach

L'auteur de Jean de la lune et Les trois brigands, Tomi Ungerer, est décédé le samedi 9 janvier 2019 en Irlande. Sa disparition affecte particulièrement la commune de Wintzenheim où l'auteur, dessinateur et illustrateur a grandi.

Wintzenheim et surtout son quartier de Logelbach ont marqué les jeunes années de l'artiste mondialement connu. Il a vécu au 12 rue Haussmann à Logelbach, où une plaque a été posée en 2005 relatant ce fait historique.
Tomi Ungerer est né à Strasbourg en 1931 ; sa famille a rejoint le Haut-Rhin en 1935, suite au décès de son père Théodore. Elle a emménagé dans la maison des grands-parents maternels. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Tomi a huit ans et comme tous les enfants de son âge, du jour au lendemain, il doit parler et écrire en allemand, subir l'endoctrinement nazi. Selon son propos, il devient un caméléon : Français dans sa maison, Allemand à l'école et dans la rue.
Dès cette époque il dessine beaucoup, des croquis et des dessins pleins de fraîcheur et de précision, que sa mère Alice a précieusement gardés.

Depuis octobre 1994.

Cette période douloureuse vécue à Logelbach l'a profondément marqué et a sûrement contribué à modeler sa personnalité et ses convictions. En même temps, il a été un témoin de l'Histoire : dans son livre A la guerre comme à la guerre, publié bien plus tard, il relate sa vie à Logelbach durant le conflit, notamment l'attaque aérienne du 26 décembre 1944 et l'arrivée des Alliés le 2 février 1945.
Ce vécu de l'adolescent à Logelbach a fait naître un dégoût des conflits armés et des totalitarismes, qu'il montrera entre autres lors de la guerre du Vietnam. À l'issue du second conflit mondial, débute pour Ungerer une série d'années à la fois insouciantes et difficiles. Tomi décide, après son échec à la deuxième partie du baccalauréat, de partir en stop au cap Nord, en Laponie.
La ville de Wintzenheim n'a pas attendu le décès de l'artiste pour l'honorer, car la salle de sport de la rue Herzog porte son nom depuis octobre 1994. L'artiste avait assisté à cette cérémonie d'inauguration et il y avait témoigné son attachement à Germain Muller qui venait de décéder : « Je suis venu en deuil, dit-il. Notre grand et cher Germain Muller nous a quittés. C'était pour moi, un ami, un parrain, une lumière. Bon génie de l'Alsace, il a su nous faire comprendre que notre accent était beau et que nous n'avions pas à nous gêner de notre particularisme... »
Cette salle Tomi-Ungerer va continuer à perpétuer le souvenir de cet immense artiste à Logelbach et dans la région.

Source : Jean-Louis Meyer, DNA du mardi 12 février 2019


Une jeunesse sous la botte nazie

Le nom de Tomi Ungerer reste indéfectiblement attaché à Logelbach où il a passé sa prime jeunesse, après le décès de son père. De ces années d’occupation et de guerre vécues auprès de ses grands-parents maternels, il en a fait la matière de dessins et de livres.

Une grande plaque en cuivre dans l'enceinte du 12, rue Haussmann à Logelbach, inaugurée le 19 février 2005, est là pour en témoigner : Tomi Ungerer a vécu son enfance au rez-de-chaussée de cette copropriété composée aujourd'hui de plusieurs appartements et d'un grand jardin partagé à l'arrière. La bâtisse se dresse encore fièrement face au site reconverti en lotissement, vaste terrain jadis occupé par des usines textiles implantées en bordure du Logelbach.

Chez le grand-père directeur d'usine

C'est en 1936 que Jean-Thomas Ungerer, né le 28 novembre 1931 à Strasbourg, se retrouve dans le foyer de ses grands-parents maternels après le décès prématuré de son père Théodore, le 5 septembre 1935, victime d'une septicémie. Les racines haut-rhinoises de Tomi, il les doit à sa mère, Alice Louise Essler, née en 1896 à Wintzenheim. Francis Essler, le grand-père maternel du futur illustrateur, dirige alors la filature Haussmann, qui deviendra plus tard une filiale de DMC (SAIC Velcorex).

« À l'arrivée des Allemands, elle fut transformée en camp de prisonniers. D'abord pour soldats français, ensuite Polonais, Italiens puis finalement les Russes, la plupart épuisés, trop malades pour travailler dans les mines de Potasse », décrit Tomi Ungerer dans L'Alsace, en torts et de travers. Le jardin à l'arrière de la maison familiale était entretenu par des prisonniers de guerre russes à qui la famille Essler servait des repas « à la même table : tout se passait en famille ».

La guerre vécue de près

Dans l'ouvrage A la guerre, comme à la guerre, Tomi Ungerer se remémore sa jeunesse haut-rhinoise : obligation de parler l'allemand au détriment du français, l'apprentissage des chants nazis (gravés dans sa mémoire tant l'endoctrinement fut efficace), les bombardements, l'attaque aérienne du 26 décembre 1944, la percée des Alliés début février 1945 et les prisonniers allemands stockés dans la filature familiale. Il fut même résistant à 13 ans, parsemant la route d'Ingersheim de débris de verre pour ralentir le passage d'un convoi allemand mais ce seront des ouvriers à vélo qui feront les frais de cet acte terroriste.

Source : Jean-Daniel KIENTZ, L'ALSACE du mercredi 13 février 2019

Logelbach

Tomi Ungerer passa son enfance, de 1936 à 1953, ici au 12 rue Haussmann à Logelbach
(photo Hervé Kielwasser, L'Alsace)

LIRE :
- De père en fils (éd. Nuée Bleue),
- A la guerre comme à la guerre (éd. Nuée Bleue),
- L'art de l'enfance (éd. Les musées de Strasbourg),
- L'Alsace en torts et de travers (éd. L'école des loisirs).


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