Exclamations de joie, accolades fraternelles, éclats de rire : il y avait de l'émotion hier matin devant le nouveau complexe socio-culturel. L'inauguration, sur un air d'accordéon, a pris des allures de retrouvailles chaleureuses.
Ils sont tous là ou presque ceux qui, il y a environ cinquante ans, faisaient les cent coups avec le jeune Tomi. Les garnements de l'école Grünewald, ses copains du quartier, ceux du groupe des Éclaireurs... L'artiste dit son émotion de les revoir, "de retomber en enfance avec la jeunesse et de retrouver ces lieux plus beaux qu'avant". Le faubourg ouvrier est devenu une banlieue agréable. Seul regret de Tomi Ungerer, la disparition des cheminées, "ces obélisques de l'industrie". La fréquentation du monde ouvrier ? Une école de vie : "Je suis devenu un ouvrier du dessin et du livre".
Donner de son vivant son nom à un équipement socio-éducatif : un hommage qui lui va droit au cœur. "C'est la plus grande joie de ma vie". Et puisque les souvenirs le ramènent à ses racines et à l'identité alsacienne, l'hommage à Germain Muller [décédé le 10 octobre] s'impose naturellement. Pour l'associer à l'inauguration Tomi Ungerer a tenu à enfiler le gilet alsacien, "un cadeau de Germain, celui du Barabli". Celui qui vient de tirer sa révérence. "C'est le bon génie de l'Alsace, grâce à lui nous pouvons être fiers de notre accent, de notre particularisme".
Mais, message à l'intention de ceux qui voudraient enfermer l'Alsacien dans une identité trop restrictive : "nous sommes un mélange. L'Alsace suture entre la France et l'Allemagne doit être une soudure pour l'Europe". Rendant hommage à ses copains d'enfance, "cette génération sans bachot et sans lauriers" Tomi Ungerer les a conviés à une grande rencontre en janvier. Puis il a reçu des mains de Bernard Hoffmann, maire de Wintzenheim, la clef de la nouvelle salle Tomi Ungerer avec la mention qui le fait citoyen d'honneur de Wintzenheim-Logelbach.
Saluant à leur façon le "Logelbachien" de passage, les écoliers du CM1 et CM2 ont interprété avec beaucoup de fraîcheur un jeu scénique s'inspirant du livre de Tomi Ungerer, "Les trois brigands". Auparavant, les élèves de l'école primaire de Logelbach et leurs camarades de l'école Mathias Grünewald avaient uni leurs voix pour un chant de bienvenue, un extrait de la 4e symphonie de Tchaïkovsky.
Des discours qui ont suivi une visite des lieux, l'on retiendra la belle unanimité sur le choix du nom de Tomi Ungerer pour le nouveau complexe associatif et scolaire. M. Hoffmann a salué la réalisation d "un projet tourné vers le progrès et la convivialité sociale". Le député Jean-Paul Fuchs a évoqué le nouvel outil au service de l'intérêt général et de la jeunesse avant que M. Ehrmann, secrétaire général de la Préfecture et sous-préfet d'arrondissement n'adresse lui aussi, quelques mots à l'ensemble des invités. Parmi lesquels, M. Robert Guthmann, représentant M. Rudloff du Conseil Régional, les maires et adjoints des environs, les responsables de la vie associative et les enseignants.
Mais déjà les anciens du Logelbach réunis pour la circonstance par l'adjoint Ruffenach se pressent autour de Tomi ; lui s'inquiète de la venue de Philippe Wagner, son meilleur ami, interpelle René Ohl, éclate de rire à l'évocation d'un bon coup joué aux occupants d'alors. Séquence souvenirs...
Agnès Muller, DNA du dimanche 16 octobre 1994
Signature de Tomi Ungerer dans le Livre d'Or de Wintzenheim
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