Parmi les annexes, il existe deux catégories bien distinctes. Certaines localités n'ayant jamais disposé d'église paroissiale sont depuis toujours qualifiées d'annexes. D'autres localités sont devenues des annexes en cours de route, à travers la suppression de leur titre paroissial. Cette suppression a le plus souvent été opéré afin de permettre à un quartier de banlieue en pleine expansion de l'une des grandes villes d'Alsace (Strasbourg, Colmar, Mulhouse, ...) d'être doté d'une paroisse. Le village de Bremmelbach, près de Wissembourg, entre dans cette deuxième catégorie.
Le 20 janvier 1902, le curé Eugène Pfeiffer s'y était plaint de la présence d'un chantre qui avait insulté l'instituteur du village. Selon lui, ce chantre était le "tyran du village", ce qu'il traduit par cette formule parlante : "Tout le conseil municipal danse comme il siffle." Ayant pris le parti de l'instituteur, le curé ne voyait pas d'autre issue que son départ du village et il avait repéré la paroisse de Bergholtz-Zell, rendue vacante par le décès de son desservant, l'abbé Michel Higelé, 10 jours plus tôt : "J'aime beaucoup faire tous les jours le chemin de croix : or, Bergholtz-Zell est le pèlerinage du chemin de la croix le plus fréquenté. Comme séminariste, j'ai fait ce pèlerinage à plusieurs reprises et je suis toujours rentré à Strasbourg consolé et fortifié." En fin de compte, l'administration diocésaine exause le souhait de départ de l'abbé Pfeiffer, mais le transfère dans la paroisse bien plus proche d'Oberlauterbach, dont le curé Antoine Kieffer est décédé le 6 février ! Un nouveau curé, l'abbé Joseph Schwartz, arrive à Bremmelbach le 1er mars suivant et y reste quatre ans. Le dernier curé particulier de la paroisse, l'abbé François-Xavier Augustin, n'y reste qu'un an, de mars 1906 à février 1907. Il n'est pas remplacé.
L'évêque cherche à ériger une nouvelle paroisse à Mulhouse, sous le vocable de Sainte Jeanne d'Arc, récemment canonisée. Or, explique le vicaire général Kretz dans un courrier adressé au curé Antoine Schotter de Cleebourg, "la création de cette paroisse susciterait de la part du gouvernement des difficultés presqu'insurmontables, surtout au moment actuel, si elle rendait nécessaire la mise à disposition de nouveaux crédits." La seule solution envisageable est donc de supprimer une paroisse. Le vicaire général annonce que "le choix est tombé sur Bremmelbach. La paroisse supprimée de Bremmelbach deviendrait une annexe de Cleebourg." Dans les faits, le curé de Cleebourg s'occupe déjà depuis 17 ans de cette paroisse vacante. Juridiquement, on passe d'une situation de "binage" (administration d'une seconde paroisse), qui donne droit à une indemnité, à celle de gestion d'une annexe, qui n'en génère pas. C'est la raison pour laquelle l'arrêté de suppression de la paroisse du 21 mars 1925 prévoit le maintien provisoire de cette indemnité, à titre exceptionnel. Quant à la paroisse bénéficiaire de la suppression, elle n'est pas à Mulhouse, comme initialement prévu, mais tout près de Colmar, à Logelbach.
* L'annuaire diocésain rassemble les coordonnées des paroisses, communautés, services, mouvements, de l'église catholique en Alsace.
Source : Bernard XIBAUT, Almanach Sainte-Odile 2020, pages 34-35
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