L'Arbeiter Vorstadt (dessin de Taylor d'après une photographie)
Investir dans l'immobilier, de surcroît pour des ouvriers, n'était pas considéré comme une opération rentable avant les années 1900. Néanmoins, l'industriel Antoine Herzog a concrétisé en 1867 son projet de mettre des logements salubres et à bon marché à la disposition des ouvriers de ses établissements. Notamment en construisant une cité ouvrière proche de l'usine textile de la Bagatelle édifiée en 1862, et située sur le terrain de l'actuel lycée Blaise-Pascal. Présentée comme un acte de mécénat et de philanthropie, la réalisation de la cité répondait aussi à l'objectif économique d'un patron désireux de savoir sa main-d'oeuvre à proximité.
Les métiers à tisser de l'usine de tissage Herzog
90 logements d'une surface moyenne de 60 m2
Connu sous le nom d'Arbeiter Vorstadt, l'ensemble des bâtiments s'étendait sur un terrain de 8.000 m² entre les rues de la Bagatelle, Weibelambach et des Vosges (Ingersheim de nos jours), à l'emplacement de l'actuel gymnase Pfeffel.
Les 72 maisons comprenaient 90 logements d'une surface moyenne de 60 m2, et représentaient une densité forte de plus du double de la cité de la soie, qui sera bâtie en 1930. Chaque maison était dotée, au rez-de-chaussée, d'une cuisine, d'une chambre et de deux autres chambres à l'étage. La construction était en dur, complétée parfois d'une galerie en bois. En outre, chaque maison possédait un jardinet. Les loyers variaient de 5 à 26 francs mensuels, avec une remise de 20 % attribuée aux ouvriers particuliers des établissements Herzog.
Extrait d'un plan de la cité ouvrière en 1869, complètement à l'extérieur de la ville (Michel Spitz, architecte)
La cité était ordonnée selon un plan général qui introduisait une certaine symétrie qui contrastait avec l'anarchie des constructions habituelles, notamment dans le quartier de la Hardt. La cité a connu un peuplement rapide : on y dénombrait 676 habitants en 1885. Elle ne représentait cependant qu'une faible partie du projet initial. Antoine Herzog avait en effet acquis 160.000 m² pour édifier de 800 à 1 000 maisons. Ce dessein a été interrompu par la guerre de 1870, mais également par les difficultés rencontrées par l'industriel pour vendre les logements. Racheté en 1971 par la Ville, le quartier qui a été entièrement démoli en 1974, a fait place à l'infrastructure multisports du collège Pfeffel.
Source : J-R.H., L'ALSACE du jeudi 15 août 2019
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