WINTZENHEIM.HISTOIRE

La Chapelle Herzog du Logelbach


La chapelle

Cet édifice, appelé actuellement, « chapelle Herzog » née d’un projet d’Antoine Herzog père, fondateur des établissements Herzog, et de son épouse Françoise Ehret, qui remonte à 1855, fut réalisé conjointement par ses fils Antoine et Eugène.

Les préoccupations d’Antoine Herzog ont d’abord été d’ordre familial et personnel : en 1850, Eugène Herzog obtenait du Saint-Siège la permission d’avoir une chapelle privée dans sa maison avec le Saint-Sacrement à demeure, vu l’éloignement de l’église paroissiale. Selon le Père Armand Fechter, curé de Logelbach, cette faveur fut accordée sous la promesse formelle de construire une chapelle pour le service religieux du Logelbach.

Dés 1855, Antoine Herzog et son fils Eugène s’occupèrent des plans pour la future chapelle. Le curé de Wintzenheim avait insisté auprès de la famille : « surtout ne construisez pas d’église, une chapelle de famille, pas davantage ».

L’agglomération industrielle du Logelbach n’était pas très peuplée au début du 19ème siècle, les résidents étaient surtout les chefs d’entreprises et leurs familles. Les ouvriers venaient des villages environnants et le besoin d’un lieu de culte ne s’imposait pas d’emblée. Cependant les distances des églises les plus proches étaient importantes (plus de deux kilomètres pour Wintzenheim et Turckheim et plus de trois pour Saint-Martin de Colmar la seule église paroissiale de la ville). Pour les protestants le problème s’avérait identique.

Dans les archives de la paroisse du Logelbach on trouve trois brefs pontificaux des papes Pie IX (1874), Léon XIII (1884) et Pie X (1903) donnant des indulgences attachées soit à la chapelle, soit à l’autel. La dernière est accompagnée d’une lettre explicative qui indique que c’est un membre de la famille qui a sollicité ce privilège lors d’un pèlerinage à Rome.

Un autre privilège est celui dont jouira Emmanuel Fauconneau Dufresne, petit-fils d’Antoine Herzog fils, dans son domaine de « La Fecht » à Turckheim. Une lettre de l’évêque datée du 25 janvier 1897, sépare le domaine de « La Fecht » quoique se trouvant sur le territoire de Turckheim de cette paroisse, pour le rattacher à la paroisse du Logelbach. Une autre lettre du 24 novembre 1908 autorisera Emmanuel Fauconneau Dufresne à ériger une chapelle privée dans son domaine.

Les travaux commencèrent en 1860 sous la direction d’un architecte parisien Van Soolen qui s’est inspiré de la Sainte Chapelle de Paris. Une fois la chapelle construite, elle fut consacrée en décembre 1862 par Mgr Raess, évêque de Strasbourg sous le vocable de Notre-Dame de l’Assomption, le jour même de la célébration du mariage de Marie Herzog, fille unique d’Antoine Herzog fils et de Ernestine Kohler, avec un jeune magistrat à la cour d’Appel de Colmar, Émile Fauconneau Dufresne.

La chapelle est un monument néogothique en grès des Vosges. Il y a un siècle, elle se dressait intacte, seule, svelte et légère, au milieu de l’immense parc. Son portail est surmonté d’une crucifixion encadrée par les statues de Saint Antoine et de Saint Eugène. Au-dessus d’eux, le sigle marial couronné par deux anges rappelle la dédicace du sanctuaire à Notre-Dame de l’Assomption. Les statues des apôtres dues au ciseau de Henry Fonderie, comme toutes les sculptures de la chapelle, entourent l’édifice à l’extérieur.

A l’intérieur, les colonnes sont surmontées de chapiteaux d’influence toute parisienne. Les magnifiques vitraux, peintures sur verre représentant les membres de la famille Herzog, ont été détruits pendant la dernière guerre.

Deux petites tourelles mutilées par les bombardements passés encadrent la façade. L’édifice a en effet beaucoup souffert des deux guerres mondiales et de la pollution. Il contient un autel dont le tombeau présente une statue de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus. On y trouvait encore en 1962 un dais finement brodé, aux effigies de saints protecteurs : « Sancta Maria-S.Anna-S.Antonius-S.Eugenius- S.Leo-S.Adelais…Don de Mme Lefébure-Herzog et de M. Léon Lefébure, ancien député d’Alsace ».

La famille fera aussi construire dans le même style que la chapelle une sacristie en 1886 ainsi que la crypte en 1898, qui sert de caveau familial. Une balustrade remarquable entoure la toiture de la sacristie.

Le père Fechter précise que « des professeurs du collège libre de Colmar venaient célébrer la messe, notamment Mgr Guthlin, mort vicaire général d’Orléans. A partir de 1873, ce fut le R.P. Baldenweck, de Horbourg, ancien jésuite, qui vint régulièrement célébrer les offices qui se faisaient avec grande solennité. Les dames Herzog, notamment Caroline Herzog, veuve d’Eugène, avaient monté la sacristie. M. Sieg, artiste très estimé, tenait l’orgue et dirigeait un excellent cœur mixte ».

Cette chapelle, d’abord utilisée par la famille, puis peu à peu ouverte à tous les catholiques du lieu, allait sous l’impulsion d’Antoine Herzog fils, prendre un statut paroissial officiel.

Logelbach

La chapelle Herzog vue dans le parc dessinée par JJ. Walz alias Hansi


La paroisse de Logelbach

En 1891, à la demande d’Antoine Herzog, l’évêque de Strasbourg visitera la chapelle du Logelbach en vue de son ouverture au public, et nommera un vicaire résident. Logelbach comptait à ce moment-là 530 catholiques. La paroisse ne sera autonome que deux années plus tard et la chapelle ouverte officiellement au public.

L’abbé Nehr est nommé en 1892, il est en fait vicaire à Wintzenheim et n’a aucune indépendance, le curé s’opposant à la création d’un vicariat au Logelbach. Il explique la situation dans une lettre au Grand Vicaire du 21 octobre 1892 : « la famille Herzog a l’intention d’entamer des pourparlers avec l’autorité diocésaine. A ma grande surprise, j’ai appris hier que feu M. Herzog avait fait, il y a quelques années à M. le Curé de Wintzenheim la proposition de céder la chapelle du Logelbach soit à la fabrique de l’église, soit à la commune de Wintzenheim. M. Deyber aurait répondu que la chose n’était pas possible ; il avait sans doute, peur qu’on détachât le Logelbach de la paroisse de Wintzenheim ; au lieu d’agir en vue des intérêts religieux de la population catholique du Logelbach, il n’a songé qu’à ses propres intérêts matériels ; c’est aussi par une considération semblable qu’il n’a fait les choses qu’à demi lorsqu’il a fait ériger le vicariat avec résidence du Logelbach. ».

Le curé de Wintzenheim usera de toute son influence aussi bien auprès du conseil de fabrique que du conseil municipal pour contrecarrer le projet de paroisse auxiliaire au Logelbach.

La famille Herzog fit des démarches à l’Évêché en vue d’obtenir la nomination d’un prêtre avec juridiction indépendante, demande qui fut accueillie avec bienveillance par Mgr Fritzen ; l’abbé Pierrot fut nommé vicaire résident, avec juridiction ordinaire, et commença son ministère en 1893.

La famille Herzog prit en charge dès l’origine les frais du culte, assura le traitement du curé, à l’organiste, au sacristain.

« On voulait avoir aussitôt la procession de la Fête-Dieu et de l’Assomption. La famille Herzog offrait dais, croix, chandeliers, habits des enfants de cœur ; les jeunes filles se cotisaient pour la statue de la Sainte Vierge et pour la bannière. ». La première procession eut lieu en 1894 : « elle fut magnifique, toute la paroisse y avait contribué et tout le monde était dans l’enthousiasme ; elle se déroula belle, grande et digne, la première procession de Logelbach ».

Plus tard, un « compte chapelle » sera déposé aux Établissements Herzog et deviendra pierre d’achoppement lorsque la famille Herzog n’exercera plus la direction de l’entreprise.

Le 7 juin 1905, un reçu signé de Georges Robin Herzog, un des gérants de l’entreprise pour une somme de 90.0000 Frs versé par les héritiers d’Émile Herzog, décédé en 1904, où il est dit : cette somme « sera employée conformément aux conventions verbales entre M. Herzog, Mme Guichet et G. Robin ». Un engagement avait été en effet pris par les héritiers d’Émile Herzog, dernier fils d’Antoine Herzog père, d’affecter une certaine somme au fonctionnement de la paroisse après son décès. D’autres textes nous apprennent que cette somme provient de la vente d’une maison à Colmar [1] et était bien destinée à l’entretien de la future paroisse du Logelbach et à l’édification des édifices nécessaires au fonctionnement de cette paroisse. Elle était placée à 4% et les intérêts devaient être servis annuellement au desservant. D’autre part, l’entreprise Haussmann versait depuis 1893 un subside de 300 M.

Le desservant Théobald Fallecker fut installé le 1er octobre 1905.

Logelbach

La chapelle Herzog vue dans le parc dessinée par JJ. Walz alias Hansi


Le don de la chapelle à la paroisse par la famille Herzog

Fin 1905 se déclenche la tempête qui emportera la famille Herzog et la poussera à la faillite. Durant l’été 1906, la famille est totalement évincée de l’entreprise qui est reprise par un consortium bancaire qui met aussi la main sur le « compte chapelle ». Le pauvre curé Fallecker se démène tant qu’il peut soutenu par l’évêché, mais la nouvelle direction, qui comme les nouveaux actionnaires, ne comporte aucun catholique, ne veut rien entendre. Le 21 décembre, une lettre des Établissement Herzog au curé Fallecker dit : « Vous n’ignorez pas que l’ancienne direction de nos établissements a légué à notre société des charges déjà très lourdes et notre Conseil de Surveillance malgré le désir qu’il aurait de vous obliger, se voit empêché d’autoriser aujourd’hui des dépenses qui ne nous incombent pas. » Autrement dit, la paroisse n’est pas notre affaire et la suite de cette lettre met l’abbé en demeure de payer le loyer de la maison qu’il occupe soit 250 M pour le semestre courant. L’abbé Fallecker n’a pas d’autre solution que de quitter les lieux et c’est dans le chalet de la propriété d’Henri Herzog qu’il se réfugiera...

C’est probablement parce qu’ils redoutaient ce qui allait arriver « après eux » qu’Emmanuel Fauconneau Dufresne et Georges Robin-Herzog, se souvenant du projet d’Antoine Herzog, et avant d’être démis de leurs responsabilités, avaient tenté d’organiser la cession de la chapelle. Le 28 mars 1906, on trouve une lettre adressée à « Monsieur l’abbé Wetterlé député au Reichstag » :

« Vous avez bien voulu vous intéresser à la question de l’érection d’une paroisse du Logelbach. La chapelle et les terrains avoisinants sont propriété de la famille Herzog et en dehors de l’affaire industrielle des Établissements Herzog.
Nous avons l’honneur de vous informer que désirant assurer l’avenir religieux au Logelbach, la famille Herzog sous certaines conditions de détails telles que :
a) Crypte, caveau de famille restent exclusivement affectés à l’inhumation de ses membres et par conséquent sa propriété
b) Des places réservées à perpétuité dans les stalles et dans l’église pour les membres de la famille
c) Voix consultatives lors de l’agrandissement de l’église et soumission des plans à des membres désignés de la famille afin de rester autant que possible dans le style actuel.
La famille sous ces conditions :
1° fera abandon de la chapelle au futur Conseil de fabrique
2° donnerait le terrain près de la chapelle nécessaire à l’érection de la cure.
Nous faisons mention ici d’une donation de soixante-douze mille Marks faite pour l’agrandissement de la chapelle et qui fournirait une base pour les dépenses nécessaires à ce travail.
Nous vous remercions, Monsieur le député, de vouloir bien exposer cet état des choses à Monsieur le Ministre des Cultes et de vous faire notre interprète et nous vous prions d’agréer etc.
Pour la famille Herzog
Em. Dufresne G. Robin Herzog.
[2]

Cette lettre précise plusieurs points. La famille Herzog abandonnerait ses biens sous certaines conditions. Il existe un projet d’agrandissement de la chapelle. Un plan dû à l’architecte Ch. Winkler grand spécialiste du « néo-gothique » en Alsace existe aux archives départementales. La somme encaissée en 1905, ici formulée en équivalent Marks reçoit une destination plus précise.

Les membres de famille Herzog se dispersent. Les seuls à rester dans les alentours seront les Emmanuel Fauconneau Dufresne qui se retirent dans leur domaine de « La Fecht » à Turckheim, ainsi que les Henri Herzog, domiciliés à Paris mais gardant l’habitude de passer l’été en Alsace, dans leur chalet de Gérardmer, et au Logelbach jusqu’à la vente de leur propriété, à l’origine maison d’Antoine Herzog père, aux religieuses Dominicaines.

Cependant Georges Robin Herzog qui a quitté la région pour s’installer à Lyon, continue de s’intéresser à la chapelle, ce dont témoigne un important courrier. La création d’une paroisse reste d’autant plus à l’ordre du jour qu’il faut un interlocuteur valable, en l’occurrence le Conseil de Fabrique, pour s’occuper des affaires financières pendantes. Sous le régime allemand où nous nous trouvons à cette époque, l’administration demande entre autres que lors de l’érection d’une paroisse, il existe sur le terrain un lieu de culte et un logement pour le desservant. Au Logelbach le lieu de culte existe, mais il est propriété privée. Quant au desservant, il semble toujours installé dans le chalet de la propriété d’Henri Herzog.

La famille Herzog s’était à plusieurs reprises sous la signature de Georges Robin et d’Emmanuel Fauconneau Dufresne exprimée en faveur de la donation de la chapelle pour en faire une église paroissiale. Encore faut-il que quelqu’un puisse accepter ce don. Sans paroisse, pas de conseil de fabrique, le curé est-il habilité à recevoir le don en son nom propre ? Faut-il que l’évêché soit le bénéficiaire ? Ou la commune ? La question a été très débattue.

Une autre difficulté surgit lorsqu’on se met à délimiter la paroisse. Dans les statistiques de 1911, le curé Fallecker déclare 610 paroissiens dont 120 résidant sur le territoire d’Ingersheim. Voilà donc que surgit la particularité géographique du Logelbach qui, à cette époque s’étend sur trois communes. Le cas de Colmar étant réglé depuis 1900 par l’érection de la paroisse Saint-Joseph, reste Ingersheim. Le Conseil municipal consulté se déclare d’accord avec le principe du rattachement de quelques maisons à la paroisse du Logelbach, à condition que cela ne lui coûte rien.

Sur ce arrive la guerre. Le Logelbach est pris dans la tourmente dès le début des hostilités et la chapelle comme d’autres immeubles subit des dégâts. Lorsque la question de la fondation d’une paroisse indépendante se repose après la guerre de 14-18, la famille Herzog est à nouveau approchée, car la chapelle Herzog, seul lieu de culte déjà existant, était toujours propriété indivise de la descendance d’Antoine Herzog père, nombreuse et dispersée. Avec l’aide de M. Albert Laure, fondé de pouvoirs de la famille Herzog, et l’intervention de Mme Emmanuel Fauconneau Dufresne née Jeanne Carpentier, qui s’emploiera à recueillir l’accord de tous les parents concernés, la plupart consentent à cette donation, les frères et sœurs d’Emmanuel Dufresne ayant été les premiers à donner leur accord bien avant 1914.

Pour que le notaire puisse intervenir, il faut que tous les ayants droit signent une procuration. C’est le curé qui se chargera de collecter les signatures et ce n’est pas un mince travail ; la famille Herzog compte 24 membres intéressés et les difficultés ne manquent pas. La minorité de William Lefébure, orphelin de père, et dont la mère ne peut signer à sa place, contraint d’attendre sa majorité. Henri Rolland d’Estape, qui s’est brouillé avec les Robin et les Emmanuel Dufresne, rechigne à signer puis finira par donner son accord. En revanche, les héritiers d’Émile Herzog qui avaient versé les 90.000 Marks du compte chapelle déposé aux Établissements Herzog (ces derniers ayant finalement admis le principe de la restitution de cette somme à la famille) en exigent le remboursement. Il s’agit de Mme Maurice Guichet née Marie Louise Herzog, et de la veuve de son frère Émile fils, Élisa Rollet, elle-même descendante Herzog par sa mère née Maritz, qui avait épousé sur le tard son cousin Émile Herzog, et qui a très mal supporté d’avoir été lésée en 1906. L’affaire donna lieu à un échange de courrier assez volumineux. Mme Guichet acceptera vite de confirmer son accord pour le don de la chapelle, et renoncera à sa part du « compte chapelle ». Mais sa belle-sœur Élisa persiste farouchement dans son refus et obtient finalement que la moitié du compte chapelle, soit une somme de 45.000 Frs lui soit versée par les Établissements Herzog, condition ultime de sa signature. Elle finira par accomplir cette formalité à la faveur d’un voyage en Italie, et sa procuration sera enregistrée au consulat de France de Gènes !

L’acte de donation sera enfin signé le 23 juillet 1926 en l’étude de Me Kubler à Colmar.

Il précise l’accord des 24 descendants d’Antoine Herzog père cités nommément dans l’acte : M. Emmanuel Fauconneau Dufresne, propriétaire et dame Jeanne Carpentier son épouse, M. Stanislas Rougier chef d’escadron et dame Marie Fauconneau Dufresne son épouse [3], M. Albert Fauconneau Dufresne, Mme Marguerite Fauconneau Dufresne épouse de M. René Petit juge au tribunal de la Seine, Madame Marie-Louise Herzog veuve de M. Maurice Guichet, M. Lucien Rolland d’Estape, ingénieur des arts et manufactures, M. Gabriel Fauconneau Dufresne, propriétaire, demeurant au château de Grilly (Ain), M. Henri Rolland d’Estape, propriétaire, Mme Marie Valdruche de Montremy, veuve de M. Henri Herzog, M. Jean Herzog, industriel, Mlle Geneviève Herzog, Mlle Madeleine Herzog, M. Paul Herzog, industriel, M. Charles Henri Herzog, chef de contentieux, M. Charles Robin-Herzog, industriel, M. Maurice Robin-Herzog, prêtre de la compagnie de Jésus, M. Henri Robin-Herzog, capitaine de vaisseau, attaché naval à l’ambassade française à Rome, M. Georges Robin-Herzog, industriel, Mlle Marie Robin-Herzog, Mlle Jeanne Rollet, Mme Cécile de Bousquet, veuve de M. Paul Eugène Lefébure, M. Willliam Lefébure, étudiant, Mme Agnès Lefébure, comtesse de Chabannes La Palice, épouse de M. Etienne Comte de Chabannes La Palice, Mme Élisa Rollet veuve de M. Émile Herzog.

L’objet de la donation à la Fabrique de l’église paroissiale de Wintzenheim-Logelbach, consiste en « un bâtiment servant de chapelle avec dépendances et terrain nommé chapelle Herzog avec tout le mobilier garnissant la chapelle et la sacristie…cette propriété évaluée à 140.000 Frs ... et une somme de 44.540 Frs qui figurait chez les établissements Herzog ».
Cette donation est faite sous condition :
1°) de faire une fondation de quatre grand-messes chantées avec libera pour :
M. Antoine Herzog et Mme née Françoise Ehret le six novembre
M. Antoine Herzog et Mme née Ernestine Kohler le onze avril
M. Émile Herzog et Mme née Émilie Fourrier le deux avril
M. Eugène Herzog et Mme née Caroline Kohler le vingt-huit septembre
2°) de réserver à perpétuité aux membres de la famille Herzog et à leurs descendants trois places dans les stalles du chœur de la chapelle et deux rangées de chaises dans la nef du côté de l’Évangile,
3°) de prendre l’immeuble et les ornements dans l’état où ils se trouvent actuellement,
4°) d’acquitter à partir du 1er janvier 1925 tous les impôts, taxes, et autres charges de toute nature,
5°) et enfin de payer les frais, droits et honoraires de la présente donation...»
Le caveau restera affecté à l’inhumation des membres de la famille.

Mme Émile Herzog née Élisa Rollet accordera sa signature contre des conditions supplémentaires : que la fondation des grandes messes chantées avec libera concerne aussi :
M. Émile Herzog fils le 13 septembre,
M. Antoine Herzog fils le 4 mars,
M. et Mme Maritz née Herzog le 8 décembre,
M. et Mme Rollet le 6 mars,
M. Maritz et Mme le 30 septembre,
M. et Mme Rolland d’Estape et leurs enfants le 23 mai.

A ce jour, les descendants d’Eugène Herzog, seuls porteurs du nom, continuent à inhumer leurs morts dans le caveau de famille du Logelbach.

Logelbach

Notre-Dame du Logelbach, par Johan van Soolen, architecte

La paroisse est créée le 30 avril 1925 sous la signature de Mgr Ruch. Le conseil de fabrique est constitué suivant les règles et on se met au travail. Même si les héritiers Herzog ont obtenu le reversement de la moitié du compte chapelle, il y a de l’argent disponible pour l’achat de terrains et les communes de Wintzenheim et d’Ingersheim octroient des subventions.

L’idée d’agrandir la chapelle est abandonnée, on fait des plans pour une nouvelle église et on se met au travail. C’est au curé Kaeffer qu’incombera cette tâche. L’église « blanche » est achevée en juin 1927, c’est la première église de style « moderne » en Alsace.

Avant de clore ce chapitre sur la paroisse du Logelbach, il convient de rappeler que les constructions et dons en faveur du culte catholique par la famille Herzog ne s’arrêtent pas là.

Antoine Herzog fils avait fait construire une chapelle au sommet du Letzenberg, à côté de son chalet qui surplombait toute la région. C’est le peintre Jean-Jacques Henner qui avait donné cette idée à Antoine Herzog et la chapelle contenait un tableau du peintre intitulé « La tentation de Saint-Antoine », le saint ayant été peint sous les traits d’Antoine Herzog.

La chapelle et le chalet furent pulvérisés par les bombardements allemands dés le début du conflit de 1914.

Un atelier dirigé par la famille Herzog a créé un certain nombre d’ornements de l’église Saint-Joseph de Colmar et la magnifique chaire, œuvre de Théophile Klem, qui s’y trouve est un don de Georges Robin-Herzog.

C’est aussi Antoine Herzog père qui en 1860 avait avancé les fonds destinés à payer l’orgue de l’église Saint-Laurent de Wintzenheim réalisée par Joseph Merklin, et en avait financé une partie.

D’autres dons aussi discrets que conséquents ont été accomplis par les Antoine Herzog, père comme fils, et cette pratique sera aussi celle de leur petite fille et fille Marie et de son gendre Emile Fauconneau Dufresne dont la nomination au rang de commandeur de l’ordre de St Grégoire le Grand aura pour motifs les nombreux services rendus à l’église ; le titre de comte romain octroyé à Léon Lefébure par le pape s’inscrit dans la même logique.

L’histoire touchante du dernier ornement de la chapelle Herzog donné par la famille mérite d’être racontée :

Mme Emmanuel Fauconneau Dufresne, après la mort de sa fille Claire décédée à l’âge de 3 ans, quelques jours avant la faillite, achètera en 1906 avec « la petite fortune » de son enfant, (probablement le legs que lui avait laissé comme à tous ses petits-enfants, sa grand-mère Mme Émile Fauconneau Dufresne née Marie Herzog) les croix de bois sculptées et décorées qu’elle offrira pour le chemin de croix de la chapelle.

La chapelle Herzog existe encore aujourd’hui, défigurée par les guerres et la pollution, très abîmée et mal entretenue, de récents travaux relevant du vandalisme ayant détruit irrémédiablement les statues en grès des saints protecteurs. Elle est hélas désormais loin de ressembler à la photo de gauche où elle apparait encore dans sa splendeur d’antan.

Logelbach Logelbach

Une association a été fondée avec pour objectif de protéger cet édifice si peu valorisé, pourtant inscrit désormais au rôle des monuments historiques de la région. Il est à espérer que grâce aux efforts de cette association, la chapelle soit restaurée et retrouve la grâce qui fut la sienne.

[1] Il pourrait s’agir de la maison appartenant à Émile Herzog dans l’emprise de l’usine Bart-Kiener qui, après achat par la ville de Colmar deviendra la Maison des Vieillards, actuellement CPA, rue du Logelbach.

[2] La correspondance privée de l’époque est très souvent écrite en français alors que les textes officiels sont en allemand ou en latin lorsqu’il s’agit de l’évêque.

[3] Mme Stanislas Rougier née Marie Fauconneau Dufresne était pourtant décédée en 1919 !

Emmanuel ROUGIER, descendant d’Antoine Herzog fils

Sources :
Souvenirs de famille
Logelbach, centenaire de la chapelle Herzog, 15 juillet 1962
Société d’Histoire de Winteznheim, Annuaire N° 5 - 2001, article de Paul-André Cattin
Archives de la paroisse du Logelbach


Logelbach

Renaissance de la sacristie, L'ALSACE et les DNA du dimanche 20 octobre 2019

(cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Grâce à trois importants dons inespérés, l’association des Amis de la chapelle Herzog a pu financer la restauration complète de la petite sacristie sise à l’arrière, du sol à la toiture, en passant par les vitraux.

Tout a démarré il y a un an. Une donatrice a proposé à l'association, présidée par Erwin Wild, son soutien pour restaurer la chapelle. « J'ai suggéré de refaire les vitraux de la sacristie, qui avaient été remplacés par de simples vitres, depuis qu'une bombe y avait éclaté durant la guerre. Elle m'a demandé combien cela coûtait. Je lui ai dit qu'il fallait compter 4.000 EUR par vitrail et qu'il y en avait sept. Elle a fait un chèque de 28.000 EUR», ne se lasse pas de raconter le trésorier, Mario Ossola. Une véritable aubaine pour l'association dont l'essentiel des revenus provient de ses cotisations et des concerts organisés dans l'église voisine (le dernier, programmé le 5 octobre ayant rapporté 1.800 EUR, « un record » selon le président).
Les Amis de la chapelle n'avaient pas l'intention de refaire tout de suite la sacristie, qui servait de lieu de stockage pour le personnel communal. Mais deux autres dons importants de 25.000 EUR puis 10.000 EUR ont permis de refaire également la toiture, la peinture des murs, l'électricité, la restauration des parquets, la menuiserie.
Les travaux ont pris un caractère urgent quand l'association a découvert que le seul vitrailliste du secteur, Hubert Kempf, de Kaysersberg, avait projeté de prendre sa retraite et de fermer son atelier au 30 juin 2019. « Il a fallu aller vite » raconte le trésorier. Serge Nicole, le maire de la commune de Wintzenheim propriétaire de la chapelle, a tout fait de son côté, pour accélérer les choses avec la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) et les Bâtiments de France. Tous les artisans ont pu se mettre au travail. Et un an après, la sacristie est méconnaissable.

« Ce chantier étaitun véritable cadeau pour finir ma carrière »

Vendredi 18 octobre, l'association avait réuni tous les artisans ayant contribué au chantier : Hubert Kempf qui a réalisé les vitraux, les entreprises Piantanida pour les grilles de protection, Oster pour l'électricité, Roelly-Bentzinger pour les menuiseries, Singer pour les parquets et l'atelier d'ébénisterie Sittler Frères qui a, entre autres, restauré l'harmonium acquis par Antoine Herzog.
Pour Hubert Kempf, le vitrailliste, « ce chantier était un véritable cadeau pour finir ma carrière. » En effet, l'artisan a grandi à quelques mètres de la chapelle, et son père était l'organiste de la paroisse de Logelbach. « La boucle est bouclée » estime-t-il. Il a créé sept vitraux originaux, en s'inspirant de ceux de la chapelle et des couleurs des trilobes (les médaillons en forme de trèfles qui se trouvent tout en haut des vitraux) qui ont été préservés. Grâce au don de 10.000 EUR, il a également pu réaliser un vitrail à partir d'un morceau du motif originel qui se trouvait dans la crypte. C'est de loin celui qui lui a donné le plus de travail. « Mais le plaisir de participer à la restauration de cette chapelle en valait la peine. »

Entrepôt de stockage pour le personnel communal, la sacristie était dans un état catastrophique avant cette rénovation totale du sol au plafond. Elle sert désormais de lieu de réunion pour l'association des Amis de la chapelle Herzog. Pour la petite histoire, Mario Ossola confie que les tables de réunion, en bois massif, ont été acquises à la vente aux enchères organisée il y a quelques mois par la préfecture.

À l'extérieur, encore beaucoup à faire

Si l'association des Amis de la chapelle Herzog s'occupe de restaurer l'intérieur de l'édifice, l'extérieur est à la charge de la commune de Wintzenheim, comme l'a indiqué le maire, Serge Nicole. « Cette belle chapelle était tombée dans l'oubli, où elle est restée plusieurs décennies » a rappelé le maire. Or, en 2009, une purge rendue nécessaire pour des raisons de sécurité, avait fortement détérioré les statues. « C'était un mal pour un bien » estime Serge Nicole. À la suite de cet incident, la restauration de la chapelle, datant de 1860, a été lancée. « Pour l'extérieur, c'est un coût total d'1,5 million d'EUR. On prévoit un budget de 250.000 à 300.000 EUR chaque année. » A ce jour, la façade est est terminée. Les prochains chantiers concerneront la face ouest et le devant, avec sa croix en métal. « Il reste beaucoup à faire, mais on ira jusqu'au bout. »
Pour l'intérieur, la prochaine étape sera consacrée au dallage de la chapelle.

Valérie FREUND

Association des Amis de la Chapelle Herzog


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