WINTZENHEIM.HISTOIRE

La Plaine Monceau, une terre alsacienne


La plaine Monceau, quartier d’élection des artistes et des industriels

Le musée national Jean-Jacques Henner se trouve au coeur de la plaine Monceau, dans le 17e arrondissement de Paris, dans un périmètre délimité par le parc Monceau, le boulevard Berthier et le quartier des Batignolles. Le peintre-décorateur Guillaume Dubufe, neveu de Charles Gounod, y a élu domicile en 1878, dans l’hôtel particulier qui abritera le musée quelques décennies plus tard, en 1924.

Initié dans les années 1850 et 1860 sous l’impulsion du baron Haussmann, des frères Pereire et de promoteurs immobiliers avertis, le quartier de la plaine Monceau est devenu, dans les années 1870, le dernier lieu à la mode, où artistes de renom, salonnières en vue, riches industriels et banquiers se sont donné rendez-vous. Sarah Bernhardt et le peintre Ernest Meissonier sont parmi les premiers à s’y installer ; à leur suite, des dizaines d’artistes se font construire des hôtels particuliers rivalisant d’inventivité et d’originalité. Autour de l’avenue de Villiers et du boulevard Malesherbes, c’est toute une vie mondaine locale qui s’organise, rassemblant dans les salons décrits par Marcel Proust peintres, artistes lyriques, musiciens et gens de lettres (Ernest Meissonier, Madeleine Lemaire, le couple Saint-Marceaux, Charles Gounod, Claude Debussy, Gabriel Fauré, Ernest Chausson, Colette, Alexandre Dumas père et fils, Guy de Maupassant, Edmond Rostand, Isadora Duncan, pour n’en citer que quelques-uns), suscitant dans ce quartier une émulation intellectuelle et artistique sans précédent (1)

Autour de ces artistes bourgeois, on trouve de riches industriels et banquiers tels que le manufacturier Charles Haviland, le chocolatier Gaston Menier ou encore le parfumeur Aimé Guerlain, qui se font construire de splendides hôtels particuliers, à l’instar de celui du banquier Émile Gaillard, situé à quelques encablures du musée Henner, place du Général-Catroux – anciennement place Malesherbes –, parfaitement préservé grâce à la Banque de France qui l’a racheté en 1919, et qui est aujourd’hui la cité de l’Économie (2).

La plaine Monceau, terre alsacienne ?

Dans ce quartier au passé fastueux, seuls les noms de rues rappellent aujourd’hui le souvenir des peintres qui y ont habité… Riches et célébrés de leur vivant, la plupart de ces peintres bourgeois « académiques » – Detaille, Meissonier, Gervex, Jadin, Fortuny, Neuville, Roll, Daubigny… – sont passés de la lumière à l’ombre et seul le passant curieux pourra s’enquérir de leur gloire perdue. Mais au détour de l’avenue de Villiers, à quelques mètres du musée Henner, trois rues en étoile convergeant vers le parc Monceau intriguent : les rues de Thann, Logelbach et Phalsbourg, villes d’Alsace et de Lorraine dont l’évocation nous replonge dans les débuts mouvementés de la IIIe République…

Plaque de la rue de Phalsbourg, Paris, XVIIe arrondissement

Quelle histoire racontent-elles ?
Est-ce le hasard qui les a faites voisines d’un musée dédié au plus grand peintre alsacien, un exilé de 1871 qui a peint toute sa vie avec nostalgie les terres de son enfance ? Quel lien entre cette évocation topographique, entre les Henner, la dynastie Dubufe et le quartier qui les abrite ?

Ces noms de rues nous ramènent immanquablement à une autre histoire, celle de l’annexion douloureuse de l’Alsace-Lorraine, dont des centaines de rues partout en France portent encore le nom. Ces trois rues cossues, ouvertes dans le dernier quart du XIXe siècle, évoquent ainsi la nostalgie des provinces perdues, si vivace à cette époque.

Antoine Herzog, le plus grand promoteur immobilier de la plaine Monceau

À l’origine de ce petit îlot alsacien situé au coeur de l’un des nouveaux quartiers les plus chics de la capitale se trouve Antoine Herzog, un compatriote de Jean-Jacques Henner originaire de Guebwiller, qui a opté comme lui pour la France en 1871. Propriétaire des terrains, c’est lui qui a offert à la Ville de Paris ces trois rues baptisées à sa demande en hommage aux « provinces perdues ». Car Antoine Herzog est un riche industriel qui a investi dans la pierre parisienne après son exil. Dès 1874, il achète une bonne partie des terrains situés entre le parc Monceau et l’avenue de Villiers et fonde en 1878 la CIPM (Compagnie des immeubles de la Plaine Monceau), devenant alors le plus important promoteur immobilier du quartier (3).

Parmi les acquéreurs de la première heure qui lui ont revendu leurs terrains, on trouve notamment Louis Godefroy Jadin, à la fois peintre animalier et spéculateur immobilier, qui avait vendu sa parcelle au peintre Roger Jourdain, lequel l’avait revendue au peintre Guillaume Dubufe, dont la famille vendra l’hôtel particulier à Marie Henner, nièce de Jean-Jacques Henner en 1921, qui en fera le musée que l’on connaît (4)

La fortune colossale (5) d’Antoine Herzog, acquise au fil du siècle dans l’industrie du textile par sa famille, est ainsi réinvestie dans la pierre à Paris, tandis qu’il continue de diriger d’une main de maître ses usines de filature au Logelbach, dans la banlieue de Colmar.

La dynastie Herzog, une réussite spectaculaire

Qui est donc vraiment Antoine Herzog, cet industriel prospère, ce promoteur immobilier éclairé, mécène et philanthrope ? La réussite sociale de la famille remonte à Antoine Herzog père, né en 1786. Fils d’un ouvrier catholique – dans un monde où règnent les familles patriciennes protestantes –, Antoine Herzog père travaille dès l’âge de six ans dans l’usine de filature Dollfus père, fils & Cie. Son directeur, Jean-Henri Dollfus, a rapidement remarqué l’intelligence du jeune homme et l’envoie étudier la mécanique au Conservatoire National des Arts et Métiers, à Paris.

De retour en Alsace, Antoine Herzog est recruté par Nicolas Schlumberger pour développer une usine de filature à Guebwiller. De chef de travaux il devient directeur, et quelque dix années plus tard l’associé de Jean Schlumberger, fils de Nicolas, pour développer une filature de coton au Logelbach, près de Colmar. Un beau mariage en 1813 fait le reste : Antoine Herzog est désormais une figure incontournable de l’industrie textile alsacienne. Devenu seul maître de la manufacture du Logelbach, il développe son activité avec ses fils Eugène et Antoine. Ce dernier, dont il est question ici, né en 1816, visionnaire et novateur, va développer les usines de son père et se lancer dans les affaires avec brio. Après avoir fréquenté l’École centrale à Paris, il intègre à vingt ans l’affaire paternelle, puis épouse en 1839 la fille d’un riche inspecteur d’assurances, Ernestine Kohler, d’une famille colmarienne d’origine suisse.

Après la mort de son père, en 1861, Antoine Herzog doit faire face à la crise de l’industrie cotonnière, conséquence d’un traité signé avec l’Angleterre et de la guerre civile américaine (6). Il ne cesse alors de multiplier ses activités en Alsace avec son ami et collaborateur Charles Grad (7), développant à la fois d’ambitieux travaux hydrauliques et ses usines dans le Logelbach, doublant en quelques années ses capacités de filature (8).

Un patron social et visionnaire

« Le soin le plus assidu d’Antoine Herzog était l’amélioration du sort de la nombreuse population ouvrière qu’il occupait. Sa charité vraiment chrétienne le porta à fonder un hôpital, des écoles, des caisses de secours et de retraite. » Tel est le portrait que brosse de lui Édouard Sitzmann en 1909 (9).

Antoine Herzog est en effet réputé pour être un patron acquis aux idées sociales de son temps ; en 1866, il lance un « appel aux capitalistes » pour construire une cité ouvrière à Colmar (10). En 1871, il réduit l’horaire de travail de ses ouvriers de douze à onze heures sans diminution de salaire et équipe le Logelbach d’un hôpital privé où les soins sont gratuits pour les ouvriers (11).

Wintzenheim-Logelbach

Frédéric Lix (illustrateur), Hildibrand (graveur), Empaquetage des filés au Logelbach, 1889, estampe, Strasbourg, Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg

La Compagnie immobilière de la plaine Monceau, compagnie alsacienne

Après 1870, Antoine et Ernestine Herzog s’installent donc dans le quartier de la plaine Monceau. Comme nous l’avons vu, en créant la CIPM Antoine Herzog va « transformer un des plus vilains quartiers de Paris (12) » en un quartier résidentiel à la mode ; c’est logiquement en hommage à sa patrie annexée qu’il demande à ce que soient baptisées des noms de Logelbach, Thann et Phalsbourg les trois rues tracées avant la construction des immeubles. Au Logelbach, près de Colmar, s’est accompli le rêve des Herzog, ouvriers devenus bâtisseurs d’usines ; Thann est une petite sous-préfecture du Haut-Rhin, proche de Guebwiller, berceau des Herzog (13). Phalsbourg enfin, ville de Lorraine maintes fois assiégée, surnommée la « pépinière des braves »,
est emblématique de la résistance aux Prussiens en 1870 (14).

La CIPM va largement contribuer à donner son caractère et sa physionomie actuels à ce nouveau quartier. Comme le souligne Simone Granboulan-Féral (15), « la solidité de la mise en place financière se retrouve dans les constructions. L’architecture choisie est très sobre et respecte tous les règlements. Les matériaux employés sont ceux du style noble : la pierre et l’ardoise. Le décor est de bon goût, suffisant sans être superflu. » Construit en quelques décennies pour une clientèle aisée, ce quartier particulièrement homogène et très bien conservé donne une vision typique de l’architecture de la seconde moitié du XIXe siècle (16). Dès les années 1880, Antoine Herzog va progressivement vendre ses actions de la CIPM pour en réinvestir les bénéfices dans ses établissements industriels d’Alsace et d’autres projets immobiliers. En 1884, il aura cédé l’intégralité de ses actions de la CIPM. Devenue société foncière avec des actifs immobiliers importants à Paris, la CIPM va cependant poursuivre son activité pendant plus d’un siècle, jusqu’en 1997 (17).

Un cercle alsacien plaine Monceau

Les Herzog se sont quant à eux installés en 1872 dans un vaste hôtel particulier de plus de mille deux cents mètres carrés situé au 6, rue Murillo, avec façade et jardin donnant sur le parc Monceau (18). Sociables et affables, les Herzog mènent une vie mondaine orchestrée par celle que l’on surnomme « Madame Ernestine (19) » ; ils fréquentent notamment les cercles d’industriels, d’intellectuels et d’artistes alsaciens parmi lesquels se trouvent le peintre miniaturiste Michel Hertrich (1811-1880), originaire de Colmar, et Charles Grad (1842-1890), à la fois écrivain, scientifique et homme politique, auteur d’un grand ouvrage sur l’Alsace, L’Alsace, le pays, ses habitants, publié en 1889. Charles Grad, originaire de Turckheim, est un très proche collaborateur d’Antoine, à la fois son secrétaire particulier et son ami intime. En 1871, il choisit de rester en Alsace et, nommé député de Colmar au Reichstag en 1877, devient l’un des plus farouches leaders du « parti protestataire (20) ». Dans ce petit monde se rencontre également Charles Goutzwiller (1819-1900), artiste et historien d’art originaire d’Altkirch, professeur et ami de toujours de Jean-Jacques Henner (21).

Antoine et Jean-Jacques, l’industriel et l’artiste

C’est par l’intermédiaire de Charles Goutzwiller que Jean-Jacques est introduit auprès de la famille Herzog à Paris : « Dans le courant de l’automne 1874, je fus abordé au parc Monceau par M. Herzog que j’eus quelques peines à reconnaître tant il avait blanchi. […] Connaissant le talent d’Henner comme portraitiste, il avait conçu le projet de faire faire par lui le portrait de sa femme, grandeur naturelle. Quelque temps après, M. et Madame Herzog, sachant que j’étais lié avec Henner, vinrent me trouver et me prièrent d’être l’intermédiaire entre l’artiste et eux pour régler les conditions d’exécution de cette oeuvre (22). » Le portrait en pied de Madame Ernestine est « enlevé en une quinzaine de séances notées dans l’agenda du peintre de janvier à avril 1875 (23) » ; Henner, comme à son habitude, envoie au Salon une étude de la tête qui fait dire à Jules Claretie : « M. Henner peint le regard et il peint l’âme. »

Si Henner n’habite pas la plaine Monceau (il vit dans le quartier de la Nouvelle-Athènes), il devient rapidement un familier de la rue Murillo ; les agendas conservés au musée Henner indiquent que le peintre y a passé plusieurs soirées, comme ce 7 avril 1875, immortalisé par une lettre d’Ernestine Herzog : « Monsieur, Vous aimez le chant ! Nous ferons de la bonne musique mercredi prochain 7 avril à 9 h si vous êtes libre vous me feriez plaisir en venant passer cette soirée avec nous (24). » S’engage alors entre Henner et les Herzog une correspondance dont le ton, au fil des années, se fait plus familier : Ernestine conseille ainsi à Henner de ne « pas placer des fonds dans les chemins de fer algériens. Ce placement a été proposé à mon mari hier je l’ai entendu discuter c’est ce qui m’engage à vous donner un conseil à ce sujet (25). »

Cette relation entre Henner et les Herzog va se muer en amitié durable. Pour leurs cinquante ans de mariage, en 1889, les Herzog organisent une grande fête au Logelbach, dont la cérémonie se déroule dans la chapelle qu’Antoine a fait construire sur le Letzenberg (26) ; dans l’une de ses lettres, Henner évoque ce dernier séjour chez les Herzog (Antoine mourra en 1892) : « [...] je rentre de Colmar, j’ai passé 3 jours au Logelbach à la noce d’or de M. et Madame Herzog qu’on a célébrée sur le haut de la montagne, dans la chapelle dont j’ai donné l’idée. C’était vraiment charmant, il n’y avait que M. Grad et moi d’étrangers. On a déjeuné et dîné en haut, on a lancé des ballons, il y a une vue magnifique et le temps était splendide. Il y avait M. et Mme Lefébure, le jeune ménage Dufresne, et celui du jeune Herzog. Le soir, descente aux torches dans les sentiers en zigzag, c’était vraiment charmant (27). »

Henner et Herzog se sont retrouvés plus d’une fois à la plaine Monceau ; suivant le même rythme, chaque été, ils rentrent, l’un au Logelbach, l’autre à Bernwiller retrouver le pays de leur jeunesse. À Paris, l’un a contribué à bâtir et lotir l’un des quartiers les plus huppés de la capitale, qui abrita en son temps les plus importantes personnalités du monde de l’art, de la politique, de la finance et de l’industrie ; l’autre a réalisé son rêve de devenir l’un des peintres les plus célèbres de son époque, raflant tous les honneurs, décoré par la République et célébré au Salon. Tous deux sont liés par un indéfectible attachement à leur province natale, qu’ils ont par leurs actions et leurs productions toujours mise au centre de leur vie, Herzog en développant l’industrie locale de ses pères, Henner en immortalisant inlassablement les paysages de Bernwiller.

Quand il allait voir ses amis rue Murillo, rue de Phalsbourg ou avenue de Villiers, Henner pouvait-il se douter que ce même quartier, à la fois artistique et bourgeois, serait celui qui garderait la mémoire de son art ? Que l’hôtel particulier du peintre-décorateur Guillaume Dubufe, fils de son ami le portraitiste Édouard Dubufe, lui aussi un proche d’Antoine Herzog, deviendrait le dépositaire de son oeuvre ?

Jean-Jacques Henner, Portrait de Madame Herzog, 1875, huile sur toile, Paris, Petit Palais

« Madame Antoine Herzog, mieux connue sous le nom de Madame Ernestine, était le génie bienfaisant de la maison, animant tout autour d’elle. Dans cet intérieur bourgeois et patriarcal vivifié par une belle jeunesse, elle trônait respectée et adulée comme une reine, faisant rayonner autour d’elle ses oeuvres de bienfaisante assistance. » Charles Goutzwiller, À travers le passé, souvenirs d’Alsace, portraits, paysages, Belfort, 1898.


Sources :

1. Cayol Cécile, « La plaine Monceau, le “plus artistique des quartiers d’artistes” », dans Collectif, Musée national Jean-Jacques Henner : de la maison au musée, Paris, Somogy, 2016, p. 37-47.
2. Cité de l’Économie, https://www.citeco.fr/. Cité de l’Économie, 1, place du Général-Catroux, 75017 Paris.
3. Rougier Emmanuel, « L’oeuvre d’Antoine Herzog à Paris », Annuaire de la Société d’histoire de Wintzenheim, n° 13, 2010-2011.
4. Giraud Benoît, « La maison d’un peintre », dans Collectif, Musée national Jean-Jacques Henner […], op. cit. note 1, p. 49-50.
5. Au moment de son décès, en 1892, la fortune d’Antoine Herzog s’élevait à 3.212.000 francs, 81 % en biens mobiliers (capitaux des usines de filature) et 19 % en biens immobiliers répartis entre l’Alsace, le 17e arrondissement de Paris, Levallois-Perret et l’Algérie. Voir Stoskopf Nicolas, Alsace. Les patrons du Second Empire, Paris, Picard, 1994, et Hau Michel et Stoskopf Nicolas, Les dynasties alsaciennes, Paris, Perrin 2005, p. 47, 65-66.
6. Antoine Herzog tente de créer des plantations dans les colonies, en Algérie tout d’abord, puis au Sénégal. Découragés par l’administration militaire, ses projets n’aboutiront pas mais donneront lieu à un ouvrage, L’Algérie et la crise cotonnière, publié à Colmar en 1864. Ibid.
7. Sur Charles Grad et Antoine Herzog, voir Goutzwiller Charles, À travers le passé, souvenirs d’Alsace, portraits, paysages, Belfort, 1898. Sur Charles Grad et Jean-Jacques Henner, voir Lannoy Isabelle de, « L’Alsace illustrée de Jean-Jacques Henner », dans Lecocq-Ramond Sylvie (dir.), Histoire du musée d’Unterlinden et de ses collections de la Révolution à la Première Guerre mondiale, Colmar, Société Schongauer, musée d’Unterlinden, 2003, p. 252-261.
8. En 1875, les 5 filatures et les 2 tissages lui appartenant employaient plus de 2.000 ouvriers dont 850 femmes et 410 enfants. Thermeau Gérard-Michel, « Antoine Herzog père et fils : des bâtisseurs d’usines », Contrepoints, 20 mars 2016.
9. Sitzmann Édouard, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace : depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, F. Mutter, t. I, 1909-1910.
10. Lui-même y souscrit 600.000 francs sur le capital de 1 million de francs. Rougier E., op. cit. note 3.
11. Stoskopf N., op. cit. note 5.
12. Sitzmann É., op. cit. note 9.
13. Thann est aussi la patrie des Kestner-Scheurer, une autre célèbre famille d’Alsaciens, proche de Henner. Voir Lannoy I. de, op. cit. note 7 et Schreiner Anne-Cécile, « Jean-Jacques Henner. Gloire et dîners », catalogue de l'exposition Jean-Jacques Henner. La Chair et l’Idéal, musée des Beaux-Arts de
Strasbourg, 8 octobre 2021 – 24 janvier 2022, Strasbourg.
14. C’est également de Phalsbourg que sont originaires les deux enfants qui sont les héros du manuel scolaire Le Tour de la France par deux enfants, paru en 1877 et devenu un best-seller. Le Tour de la France par deux enfants est un manuel de lecture d’Augustine Fouillée-Tuillerie, publié sous le pseudonyme de G. Bruno en 1877. Son succès est tel qu’il atteint un tirage de 7,4 millions d’exemplaires en 1914, année qui le voit passer le cap des 400 éditions. Il sera utilisé jusque dans les années 1950. Voir Ozouf Jacques et Mona, « Le petit livre rouge de la République », dans Les lieux de mémoire, t. I, Paris, Gallimard, 1997.
15. Rougier E., op. cit. note 3.
16. Pinon Pierre, Atlas du Paris haussmannien, Paris, Parigramme, 2002.
17. Rougier E., op. cit. note 3.
18. Bâtie en 1869 par l’architecte Auguste Tronquois sur un terrain acheté par le précédent propriétaire à la famille Pereire en 1867, cette maison existe toujours mais porte désormais le numéro 8. Ibid.
19. Goutzwiller Ch., op. cit. note 7.
20. Le terme de « protestaires » désigne les députés alsaciens et lorrains siégeant au Reichstag (parlement allemand) réfractaires au traité de Francfort ; en 1874, ils déposent une proposition de loi visant à organiser en Alsace-Lorraine un plébiscite permettant à la population de se prononcer sur l’annexion de leurs provinces par l’Empire allemand.
21. Lannoy I. de, op. cit. note 7.
22. Ibid.
23. Lettre d’Ernestine Herzog à Jean-Jacques Henner, 5 avril 1875, Paris, archives du Musée Henner.
24. Ibid., 14 avril 1875.
25. Ibid.
26. La chapelle, dédiée à Saint-Antoine, avait été élevée en 1889 sur la colline du Letzenberg (entre Turckheim et Ingersheim) par M. Antoine Herzog, sur les conseils du peintre Henner, à la suite, parait-il, d'un accident survenu à Paris à M. Herzog mais qui n'avait, par miracle, pas eu de suites fâcheuses.
27. Lannoy I. de, op. cit. note 7.

Remerciements

Merci à Isabelle de Lannoy pour son aide et ses éclairages. Merci à Maeva Abillard, Anne-Cécile Schreiner, Marie Vancostenoble pour leur aide dans les recherches. Merci à Marie-Cécile Forest, Anne Baylac-Martres, Isabelle de Lannoy pour leur relecture attentive.

Cécile CAYOL

Article paru dans le catalogue de l'exposition et reproduit ici avec l'aimable autorisation de l'auteure


L'exposition

Le musée national Jean-Jacques Henner, en partenariat avec le musée Alsacien de Strasbourg, propose du 6 octobre 2021 au 7 février 2022, une exposition sur l’image de l’Alsace, « Province perdue » suite à la guerre franco-prussienne de 1870. S’appuyant sur un certain nombre d’œuvres du peintre Jean-Jacques Henner (1829-1905), l’une des figures majeures des Alsaciens de Paris, l’exposition interroge la manière dont se construit et se diffuse l’image de l’Alsace depuis la capitale entre 1871 et 1914.

À la suite de la guerre de 1870-1871, la France est contrainte de céder l’Alsace et une partie de la Lorraine à l’Allemagne. Durant quarante sept ans, ces territoires, désignés désormais comme les « Provinces perdues », vont faire l’objet en France d’un culte du souvenir. À l’occasion du 150e anniversaire du traité de Francfort (10 mai 1871), l’exposition retrace la manière dont s’est construite durant près d’un demi-siècle, l’image de ce territoire « arraché à la mère-patrie ».

Partant de Jean-Jacques Henner, et de son tableau iconique, L’Alsace. Elle attend (1871), l’exposition offre un regard inédit sur cet imaginaire, peuplé de représentations pittoresques, historiques et patriotiques, qui a inspiré les artistes et marqué la culture visuelle française de la fin du XIXe et du début du XXe siècles.

À travers peintures, sculptures, objets d’arts, affiches, gravures, bijoux, qui montrent la fécondité de ce thème, le visiteur est invité à découvrir la silhouette mélancolique de l’Alsace au grand noeud noir, mais également à s’interroger sur la part de mythe, voire de propagande, que cette figure incarnait alors.

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