Jean-Michel Auguste HAUSSMANN, homme d'affaires et diplomate français, fils de Chrétien HAUSSMANN et de Caroline HAUSSMANN, est né à Wintzenheim-Logelbach le 3 décembre 1815. Petit-neveu de Nicolas Haussmann, il est le cousin du baron Georges Eugène Haussmann. Il fut attaché à l'entreprise Haussmann Frères du Logelbach dans laquelle il acquit des parts. Le 15 mai 1872, il opte pour la France et s'installe à Paris. Il décède à Alger le 17 février 1874 et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (49e division).
Envoyé en Chine en 1843 par la Chambre de Commerce de Mulhouse, il accompagne la mission
extraordinaire du ministre plénipotentiaire Théodore de Lagrené comme représentant des intérêts de l'industrie textile alsacienne, des cotonnades et des toiles peintes. Embarqué à Brest sur l'Archimède,
corvette à vapeur et voile du capitaine Camille Pâris le 20 février 1844,
il atteint Macao le 24 août après s'être arrêté à Séville, Santa-Cruz de Tenerife, Gorée, Le Cap
de Bonne-Espérance (2 mai), l'île Bourbon (La Réunion, 6 juin), Ceylan (7
juillet), Pondichéry (Inde, 16 juillet), Madras (27 juillet), Singapour (7 août) et Manille
(18 août).
Il en profita également pour envoyer à Colmar différents objets d'ethnographie ou d'histoire naturelle.
En 1845, il revient en Europe en passant par Manille (21 février), Batavia (Indes néerlandaises,
26 mars)
et Tourane (Viêt Nam, 31 mai).
Après un voyage en Amérique, il fut nommé délégué du Ministère du Commerce et membre de la commission française à
l'Exposition universelle de Londres (1851). Il devint ensuite, sous le Second Empire, consul de France
au Royaume de Hanovre, puis au Cap-de-Bonne-Espérance.
Distinctions :
- Chevalier de la Légion d'honneur
- Officier de la Légion d'honneur
Publications :
- Canton et le commerce européen en Chine, Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1846
- Voyage en Chine, Cochinchine, Inde et Malaisie, 3 vol, 1847-1848
- Etude pratique du commerce de la Chine, Paris, 1849 (collaboration)
- L'isthme de Panama et la Californie, 1850
- La Chine, depuis le commencement de la guerre de l'opium jusqu'en 1857 (1864)
- Souvenirs du Cap de Bonne-Espérance, 1866
Le Musée d’histoire naturelle et d’ethnographie de Colmar, outre tout ce qui a trait aux animaux et à la botanique, est riche d’objets d’art et d’artisanat « souvent rarissimes et disparus », issus des cinq continents.
La collection constituée, entre 1843 et 1845, par le Colmarien Jean-Daniel Rohr dans l’archipel des Marquises, par exemple, est bien connue et a été en partie prêtée au musée du Quai Branly à Paris pour l’exposition « Mata Hoata » en 2016. Chargé de maintenir l’ordre et de protéger les convois commerciaux, ce commandant de marine avait sans doute eu accès « aux toutes premières recommandations émises par l’administration à La Rochelle » à l’attention des marins en mission. Mais c’est probablement mû par « un attrait personnel pour les rencontres » qu’il est entré en contact avec les populations notamment de l’île Nuku Hiva dont il a appris la langue, ce qui lui a permis de rassembler une trentaine d’objets « particulièrement bien choisis et d’une grande qualité ». Il a envoyé cette extraordinaire collection à Colmar dès 1845, avant même la création de la Société d’histoire naturelle et d’ethnographie (SHNEC).
La maquette de chaussures en tissu rapportée de Chine par l’industriel Auguste Haussmann (photo Nicolas Pinot)
Un autre Colmarien voyageur, l’industriel Auguste Haussmann, a pareillement offert à sa ville natale divers objets qu’il a rapportés de Chine, à la même période, au titre de délégué de l’industrie cotonnière au sein de la délégation diplomatique et commerciale de Théodose de Lagrené. Le musée colmarien compte également des collections d’Égypte antique ou de pays africains. Même si cela existe ailleurs, aucune demande de restitution ne lui est parvenue pour ces objets, principalement de production et acquis en petite quantité par des particuliers – à l’instar d’une maquette de chaussures chinoises en tissu – ou donnés lors de missions notamment médicales. « Certains ont pu être offerts à Jean-Daniel Rohr dans le but de lui faire plaisir – on ne peut pas nier la position de supériorité du colon –, mais aucune violence n’est évoquée », indique Claire Prêtre, pour laquelle il importe aujourd’hui de poser ces questions. Non seulement pour « creuser l’origine des collections » mais aussi, au-delà de la traçabilité utile à l’inventaire, parce qu’elles « reflètent l’époque et l’évolution des schémas de pensée ».
Source : Catherine Chenciner, L’ALSACE du 12 août 2023
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